Face à la bêtise humaine, je remets toujours en cause le confort intellectuel des responsables, leur éducation de base, ainsi que leur état psychique. C'est le cas des actes dits racistes qui sont de plus en plus perpétrés dans des arènes de football, particulièrement caractérisés par la diversité des acteurs et l'universalisme du ballon rond. Loin de moi de considérer ces abrutis d'une autre époque comme de véritables malades mentaux, je leur suggère juste un peu de lecture afin qu'ils se cultivent un peu sur le fruit qu'ils exhibent, balancent ou jettent sur des joueurs généralement noirs, quand bien même, ces derniers feraient gagner leurs équipes à chaque journée.
La banane est le fruit ou la baie dérivant de l’inflorescence du bananier. Les bananes sont des fruits très généralement stériles issus de variétés domestiquées. Les fruits des bananiers sauvages et de quelques cultivars domestiques contiennent des graines. Les bananes sont généralement jaunes lorsqu'elles sont mûres et vertes quand elles ne le sont pas.
Les bananes constituent un élément essentiel du régime alimentaire de certaines régions.
Histoire
Origine
Les formes sauvages Musa acuminata et Musa balbisiana se rencontrent encore aujourd’hui dans une grande partie du Sud Est Asiatique, de l’Inde à la Papouasie-Nouvelle-Guinée. On retrouve encore dans ces régions des bananiers sauvages riches en graines et pauvres en pulpe dans les milieux ouverts (clairières, lisières des forêts).
Le centre de domestication primaire semble être les hautes terres de Papouasie-Nouvelle-Guinée, il y a 6 950 à 6 440 ans avec M. acuminata. Des traces de production bananière pour une consommation humaine datant d'environ de cette époque1 en Nouvelle-Guinée. Leur diffusion s'est rapidement étendue dans une zone qui va de l'Inde au sud de la Chine via la Birmanie, de Taïwan jusqu'au nord de l'Australie et la Polynésie via les Philippines, l'Indonésie et la Nouvelle-Guinée. Des preuves archéologiques de la culture du bananier se trouvent en Malaisie 3 000 avant notre ère, au Pakistan daté de 2 500 ans avant notre ère, dans le centre de l’Inde 600 ans avant notre ère et 500 ans au Laos. La diffusion en Afrique des plantains AAB daterait de 4 500 ans avant notre ère en Ouganda et de 2 750 à 2 300 au Cameroun, 1 200 de notre ère à l'ile de Pâques. La première apparition au Moyen-Orient date de 300 de notre ère.
Une hypothèse récente est que la domestication des bananiers Eumusa s'est produite, il y a environ 10 000 ans, dans les hautes terres de Nouvelle-Guinée. La variété Musa acuminata banksii, à l’origine de la plupart de celles qui sont cultivées aujourd’hui, y serait née et se serait ensuite répandue en Asie du Sud-Est où elle se serait hybridée avec les variétés locales2.
Un centre secondaire de biodiversité se trouve en Afrique de l'est avec le groupe des bananiers triploïdes des hautes-terres de l'est africain dit Groupe Mutika/Lujugira (AAA-EA).
Diffusion mondiale
Le bananier fut introduit en Afrique de l’Est, en Chine, en Mélanésie, dans le Pacifique Sud à partir du commencement de l’ère chrétienne. Sa culture commence à Madagascar vers 500 de notre ère. Il fut amené en Méditerranée (Afrique du nord et Espagne) par les Arabes à partir de 650. Début xvie siècle les Portugais l’implantent dans les Canaries et de là en 1516 le frère Tomas de Berlanga prélève des rejets dans la cloitre des franciscains près de Las Palmas et les transporte à Hispaniola.
Période moderne
À la fin du xixe siècle la culture du bananier devint un enjeu économique important influant même des choix politiques internationaux.
1870 voit les premières importations de bananes (variété Gros Michel) aux États-Unis depuis l’Amérique centrale, notamment la Jamaïque. La rentabilité du marché amène des entrepreneurs américains à investir dans le marché et à ouvrir des plantations industrielles de bananiers. Dès 1871, Minor Cooper Keith fait établit une liaison par chemin de fer avec le Costa Rica et y implante les premières plantations à grande échelle. En 1899, il créa la United Fruit Company qui devint une puissance néocoloniale au pouvoir politique énorme pendant 70 ans. En 1911, un soulèvement populaire contre le gouvernement de l'Honduras voit l'intervention de l'armée des États-Unis. La raison officielle invoquée pour cette intervention est la protection des « travailleurs américains » de la United Fruit Company, qui ont fait de ce pays son principal fournisseur de bananes. Entre 1930 et l940, la United Fruit Company inclus la Colombie et l’Équateur dans ces exportateurs. Des coups d’état, dont celui du Guatemala en 1954, sont télécommandés par les États-Unis pour défendre les intérêts de la compagnie.
L'utilisation de cette puissance économique avec la menace de l'appui militaire des États-Unis transforme les fragiles démocraties d'Amérique centrale en républiques bananières. Strictement parlant, ces pays producteurs n'étaient pas des colonies, mais l'influence de la United Fruit Company, a donné naissance à l'expression « république bananière » pour désigner l'immense pouvoir « néocolonial » qu'exerçait la compagnie fruitière américaine.
Les exportations (essentiellement la variété « Gros Michel »3) au début du xxe siècle sont assurées par les navires à vapeur produisant du froid dans les cales. Le mode de transport par navire reefer s'impose dans les années 1950 alors que la demande des marchés développés s'accroît au nord. Les années 1970 à 1990voient les armateurs accumuler d'importantes capacités de transport en ligne pour s'adapter au mieux à la massification et à la conteneurisation des exportations bananières en défiant la concurrence. Le mode de transport bascule dans les années 1990 du navire reefer vers le conteneur à 55 %.
Botanique
Description
La banane est un long fruit légèrement incurvé, souvent regroupé sur le bananier en grappes nommées « régimes ». La banane possède une peau de couleur jaune ou verte facile à détacher. La partie intérieure est une pulpe amylacée au goût sucré et à la consistance généralement fondante.
La banane sauvage est une baie polycarpique, c'est-à-dire contenant de nombreux pépins anguleux durs. Les variétés commerciales sont souvent triploïdes stériles produisant ainsi des baies parthénocarpiques formées sans fécondation ne contenant donc pas de graines (si on fend cette « banane domestique » dans le sens de la longueur, on observe une série longitudinale de petits points noirs qui sont des ovules non fécondés).
La chair du fruit est généralement blanc crème, mais certaines rares variétés ont une pulpe colorée (Isla du Pérou à chair bleue).
Les bananes mûres sont riches en potassium et en sucres. Elles sont très nourrissantes (90 kcal/100 g) et très digestes en raison de leur faible teneur en graisses.
Étant un fruit climactérique, les bananes sont cueillies vertes dans les plantations, aussi appelées bananeraies. Moins fragiles que les bananes mûres, elles supportent mieux le transport. Elles sont immédiatement acheminées vers les centres de distribution (marchés d’exportation), où le processus de maturation est parfois activé en ajoutant aux fruits de l’éthylène qui est fabriqué par la plante elle-même en conditions naturelles4.
L’arôme principal de banane est l’acétate d’isoamyle.
Le mot banane ou fausse banane désigne également les fruits des plantes du genre Ensete.
La plante
Bien que le bananier puisse atteindre une taille relativement grande (9 mètres), ce n’est pas un arbre. En effet, il ne forme pas un tronc ligneux. Le pseudo-tronc est en réalité formé par les pétioles des feuilles. Ceux-ci se recouvrent partiellement et constituent une structure portante, un « faux tronc ». Les pétioles portent à leur extrémité un grand limbe allongé avec au centre une nervure médiane. Les feuilles peuvent atteindre 4 m de long et 1 m de large. La tige du bananier est très courte et entièrement souterraine. Elle apparaît sur un rhizome, qui produit régulièrement de nouvelles tiges. Le rhizome porte une masse importante de racines longues et fines, situées juste sous la surface du sol.
La floraison
La floraison se produit au bout de sept mois et les fruits sont mûrs quatre mois plus tard. Après la floraison, la tige ayant porté l'inflorescence se dessèche mais en même temps, la tige souterraine forme des rejets latéraux. Ce sont ceux-ci qui donneront de nouvelles tiges capables de fleurir.
Après environ un an et demi, le bananier est capable de fleurir. La tige souterraine forme alors une inflorescence qui se développe au travers du « faux-tronc » creux pour apparaître au centre des feuilles. Au début, l’inflorescence est dressée mais, sous l’effet du poids, elle va rapidement devenir pendante. Les fleurs qui apparaissent à l’extrémité de l’inflorescence (donc en dessous) sont mâles, celles situées plus vers le début de l’axe (donc au-dessus) sont femelles. Ces dernières vont donner naissance aux bananes. Entre les fleurs mâles et les femelles, il peut encore y avoir des fleurs stériles. Sur l’axe de l’inflorescence, les fleurs sont implantées en plusieurs rangées doubles transversales. Chaque rangée double est protégée par une bractée pourpre. Chaque jour, une bractée va s’enrouler et tomber, libérant ainsi les fleurs qui pourront être pollinisées. Les fleurs fécondées donneront naissance aux fruits. Dans la nature, ce sont les chauves-souris qui assurent la pollinisation. Chaque régime peut comporter jusqu’à 200 fruits. Les bananes sont généralement vendues sous forme de « mains », correspondant chacune à une double rangée de fleurs femelles.
Dans les variétés cultivées, la fructification est très généralement parthénocarpique, il n'y a donc pas de pollinisation et les ovaires se transforment en fruits ne contenant pas de pépins.
Typologie
- Banane dessert : Ce sont les plus cultivées et qui font l'objet de courants commerciaux importants entre les zones de productions et les zones d'importation (Europe et Amérique du Nord). Alors qu'il existe de nombreuses variétés, la majorité des bananes commercialisées aujourd'hui est de type Cavendish après avoir été la variété Gros Michel, décimée par la maladie de Panama (appelée aussi « jaunisse fusarienne » causée par le champignon Fusarium oxysporum) dans les années 1940. La peau des fruits est généralement jaune ou rose et la chair est composée d'amidon hydrolysé et de sucres non cristallisables. Plusieurs centaines de variétés existent mais moins de dix sont utilisées en culture industrielle. Le génome donnant le caractère sucré des fruits est issu de M. acuminata ssp malaccensis ou zebrina.
- Banane à cuire : dans ce groupe, les principales sont les Banane plantain. Ce sont des bananes plus grosses que les bananes desserts. Bien que tout aussi savoureuses crues que les premières, leur chair est plus ferme et il est plutôt d'usage de les consommer après cuisson car elles restent entières. Elles sont préférées un peu vertes pour cet usage et leur texture est alors assez proche des tubercules farineux. Leur commerce international est peu important. La peau des fruits est généralement vert-jaune ou mauve et la chair est composée d'une forte proportion d'amidon non hydrolysé et contient moins de sucre que les bananes dessert. Plusieurs centaines de variétés existent toutes cultivée localement. Le génome donnant le caractère farineux des fruits est issu de M. a. banskii, errans ou microcarpa.
- Banane à bière : Elles se caractérisent par une pulpe amère. Elles ne sont que rarement consommées directement. Le critère déterminant ce type sont les nombreuses gouttelettes brunes émises par la pulpe coupée fraiche lors que les plantains ont des gouttes beaucoup moins nombreuses ou absentes et que les bananes desserts ont des gouttelettes toutes petites. Elles sont fermentées, produisant ainsi un « vin de banane », particulièrement apprécié dans la région des Grands Lacs en Afrique. La frontière entre banane à bière et banane à cuire est assez flexible, et des bananes à cuire ou même des bananes dessert peuvent entrer dans la fabrication du vin, tout comme des bananes à bière seront consommées cuites en cas de disette. Elles ne sont produites que dans l'est de l'Afrique et ne font l'objet d'aucun commerce international. Ce sont des hybrides triploïdes AAA M. a. banksii ou zebrina.
Sélection
La sélection par l’homme a permis au fil des siècles de créer les variétés consommées de nos jours. Plusieurs équipes de recherche développent actuellement des programmes d’amélioration variétale du bananier à travers le monde, comme l'Université catholique de Louvain (Belgique), le Cirad aux Antilles françaises, l’Embrapa au Brésil, la FHIA au Honduras, le CARBAP au Cameroun et de nombreux autres organismes en Inde, au Viêt Nam, en Afrique… Selon les écoles, les stratégies d’amélioration sont variées, mais reposent toutes plus ou moins sur des biotechnologies modernes. Elles permettent de créer de nouvelles variétés plus résistantes aux parasites et ravageurs de cette culture. La recherche internationale sur le bananier est fédérée par l’INIBAP, une organisation internationale membre du CGIAR. L’INIBAP gère entre autres une banque de gènes du bananier, stockée in vitro à Louvain (Belgique) ainsi qu’une base de données sur les ressources génétiques du bananier appelée Musa Germplasm Information System (MGIS5). Le système d’information sur les ressources génétiques de Musa contient une information détaillée et standardisée sur les accessions détenues par de nombreuses banques de gènes autour du monde.
Génétique
Avant 2002 le genre Musa était divisé en cinq sections : Eumusa, Rhodochlamys, Callimusa, Australimusa, Ingentimusa. En 2002 des études génétiques ont ramené à seulement trois sections selon la numération chromosomique : section Eumusa regroupant Rhodochlamys x = 11, section Callimusa regroupant Australimusa x = 10, section Ingentimusa x = 7 pour la seule espèce M. ingens.
La section Eumusa principalement avec M. acuminata et M. balbisiana est à l’origine de la majorité des bananiers cultivés pour leurs fruits dans le monde. On y retrouve des variétés sauvages, diploïdes et fertiles, des variétés ancestrales, également diploïdes mais assez fortement stériles pour que leurs fruits soient consommables (très peu de graines dans les fruits), et de nombreuses variétés cultivées, triploïdes et stériles.
Dans la même section Eumusa, il existe aussi quelques hybrides de distribution restreinte issus de M. schizocarpa participant à quelques cultivars alimentaires parthénocarpiques en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
La section Callimusa a donné des variétés cultivées localement comme le "Groupe Fe'i" peut-être issu de M. maclayi, lolodensis, peekelii ou troglodytarum connu seulement en Polynésie aux fruits à chair orange avec un taux élevé de bêta-carotène ou comme quelques hybrides d'autres espèces (par exemple M. jackeyi) de la même section ainsi que M. textilis, cultivée aux Philippines pour la production de fibres.
Le type sauvage diploïde de M. acuminata (AAs) pousse dans les régions tropicales humides de Nouvelle-Guinée, Bornéo, Indonésie, Indochine, Golfe du Bengale. Ses fruits sont comestibles quoique peu charnus et contenant beaucoup de graines. Il était probablement plus recherché comme aliment pour ses cormes, fleurs et jeunes pousses que pour ces fruits par les habitants des régions côtières de Malaisie. C'est probablement les sous-espèces banksii ou errans qui furent d'abord domestiquées pour leurs fruits d'une part parce que ce sont les seules présentant une parthénocarpie naturelle motivant leur multiplication en culture d'autre part parce que leurs génomes ont été identifiés chez pratiquement tous les bananiers di- et triploïdes. Leurs diffusions entraînèrent une hybridation avec d'autres sous-espèces particulièrement malaccensis et zebrina ce qui produisit des plants dioïques à stérilité femelle plus ou moins prononcée dû aux anomalies d'appariements des différentes formules chromosomiques ou des plants triploïdes AAA (3n = 33), dont les fruits étaient encore plus développés, plus charnus et plus sucrés. Ces formes triploïdes ont évidemment été cultivées préférentiellement et ont donné les variétés modernes de bananes dessert. Vers 1920, des programmes d'amélioration ont abouti à la création de tétraploïdes AAAA (4n = 44).
M. balbisiana type sauvage diploïde (BBs) est originaire de régions subtropicales à période sèche marquée de Nouvelle-Guinée, Philippines, sud de la Chine, Golfe du Bengale. Ce type sauvage donne des fruits non comestibles à nombreuses graines et n'est jamais parthénocarpique. Des formes cultivées de M. acuminata diploïdes et parthénocarpiques furent accidentellement pollinisées par M. balbisiana donnant des hybrides naturelles diploïdes AB (2n = 22) à stérilité femelle encore plus marquée et donc plus de fruits apyrènes. Un processus de polyploïdisation donna des formes triploïdes AAB (3n = 33). Depuis le début du xxe siècle, l'hybridation contrôlée permit l'obtention de triploïdes ABB et de tétraploïdes AABB (4n = 44).
La très grande majorité des bananes consommées de nos jours sont issues de ces deux espèces sauvages M. acuminata et M. balbisiana seuls ou hybridées. D'une façon générale le génome chloroplastique est d'hérédité maternelle et le génome mitochondrial d'hérédité paternelle. Plusieurs systèmes sont proposés pour la dénomination correcte des espèces cultivées :
Musa paradisiaca pour toutes les variétés.
Musa paradisiaca pour les hybrides et M. acuminata ou M. balbisiana pour les variétés non hybridées.
Musa acuminata balbisiana pour les hybrides et M. acuminata ou M. balbisiana pour les variétés non hybridées.
Musa (Groupe de Ploïdie-Sous-groupe Éventuel) 'Nom de variétés' pour toutes les espèces cultivées quelle que soit leurs degrés de ploïdie. Exemple Musa (Groupe AAA-Cavendish) 'Grande Naine'.
La phylogénie des bananiers cultivés est complexe les clones d'un même sous-groupe descendant les uns des autres par dérives génétiques progressives car ils sont sujets à des mutations somatiques relativement fréquentes ce qui rend d'ailleurs aussi sa multiplication in vitro assez délicate. Sur le terrain, l'observation de 15 descripteurs morphologiques en rapport avec les 2 espèces M. acuminata et M. balbisiana permet de préjuger la structuration génomique des variétés mais cette identification reste partielle car l'analyse génétique est parfois en contradiction avec l'observation in vivo. Elles sont ainsi classées en groupes selon leur constitution génétique et leur niveau de ploïdie, parfois en divisions ou sous-divisions, puis en sous-groupes rassemblant les variétés dérivant les unes des autres et enfin en types. Par exemple, dans le groupe AABB on trouve le sous-groupe Pisang awak dans lequel se trouve le type Isla comprenant les variétés 'Isla Del Alto Huallaga', 'Isla Guayaquil', 'Isla Maleño', 'Isla Nacional', 'Isla De Tingo María', 'Isla Vaporino', 'Isleño'
Les plantes issues de M. acuminata et M. balbisiana et leurs hybrides sont désignés par deux à quatre lettres permettant de connaître leur ascendance et leur degré de ploïdies :
Culture
Le bananier cultivé en plantations traditionnelles demande un sol bien drainé, profond et légèrement acide. La culture est exigeante en éléments minéraux. Une pluviométrie annuelle d'environ 1 200 mm et des températures supérieures à15 °Csont nécessaires. Le bananier est une plante pérenne, le cycle végétatif dure environ un an. Après la récolte du régime, la pousse principale périclite, c'est à partir d'un rejet latéral qu'un nouveau cycle de culture redémarre grâce à la technique de bouturage. La plantation préexistante est détruite, les plantes lacérées sur place et la parcelle replantée plus loin. En cours de cycle, des rejets, qu'il faut supprimer, apparaissent continuellement. On en garde cependant un tous les trois mois de manière à pouvoir récolter régulièrement un nouveau régime (tous les trois mois). Les souches produisent pendant cinq ans. Au-delà, il faut replanter à partir d'un rejet latéral prélevé sur un plan sain.
Cette méthode de reproduction par multiplication végétative a deux inconvénients majeurs : une faible diversité des variétés cultivées, d'où des risques accrus de parasitose, et la propagation par les rejets de parasites (notamment les nématodes). Les plantations industrielles ont donc tendance à utiliser une autre technique : le vitroplant (plant obtenu in vitro en laboratoire aseptisé à partir d'un « plant-mère » désinfecté et cultivé sur un milieu nutritif stérile). Ainsi le bananier, planté sur un sol préalablement assaini par des techniques de rotation culturale ou de jachère est indemne de parasites. Cela permet une meilleure productivité (l'homogénéité variétale favorise l'augmentation du nombre de cycles réalisés entre deux replantations) et l'épandage de nématicide est réduit de 50 %. Par contre, cette technique de clonage menace la diversité génétique et fait dire à certains scientifiques que le bananier cultivé tel qu'on le connaît risque de disparaître.
En zone tempérée
Parmi les bananiers comestibles, seul le bananier nain, Musa acuminata 'Dwarf Cavendish', se prête facilement à être cultivé en pots. Cette variété reste relativement petite, 2 m au maximum. La plante demande beaucoup d’eau, beaucoup de nourriture, une forte humidité atmosphérique et beaucoup de lumière. Le bananier nain n’est pas trop sensible aux basses températures et supporte jusqu’à un minimum de 10 °C durant l’hiver. D’autres bananiers sauvages peuvent être cultivés de la même manière. Musa textilis (qui fournit des fibres textiles) et Musa basjoo conviennent à une serre de petite dimension mais leurs fruits ne sont pas comestibles.
Une nouvelle hybride de hasard Helen's Hybrid issu de M. sikkimensis et M. (AB) 'Ney Poovan' découvert récemment produit des fruits comestibles bien qu'avec des graines et sa souche résiste à des températures inférieurs à -12 °C. Il est originaire d'un petit village près de Kalimpong à 1 500 m d'altitude en Inde. L'horticulteur Ganesh Mani Pradhan remarqua ce bananier dans le jardin de leur cuisinière, Hélène. Comme pour sikkimensis, il a une nervure centrale rouge foncé et le revers des feuilles rougeâtre. Les pétioles sont glauques recouverts plus ou moins d'une pruine blanchâtre.
Économie
Les bananes figurent incontestablement parmi les fruits tropicaux les plus importants. En 1992, la production totale s’élevait à 66 millions de tonnes (bananes et bananes plantains) ; elle n’était dépassée que par la production d’agrumes. En 2013, la production atteint 130 millions de tonnes (dont 66 millions en circulation), le commerce international de ce fruit tropical s’élevant à 7 milliards de dollars par an, ce qui fait de la banane la huitième culture alimentaire mondiale et la quatrième dans les pays les moins avancés selon la FAO6.
Le marché de la banane est libéralisé depuis 2006. Les exportations connaissent en conséquence des mutations rapides et récentes. Trois grandes destinations d'exportations de bananes par transport reefer subsistent :
- les États-Unis depuis l'Amérique centrale (zone historique de la banane dollar)
- le Japon depuis les Philippines
- l'Europe depuis l'Afrique et l'Amérique latine.
Pour donner un aperçu succinct en 2008 des dépendances économiques engendrées par l'économie bananière libéralisée, l'Amérique latine exporte 10,3 millions de tonnes de bananes, alors que l'Asie exporte 1,9 million.
Le marché mondial de la banane est dominé à 60 % par trois multinationales américaines :
Au niveau macroéconomique, la part du prix final - payé par le consommateur - qui revient dans le pays producteur est de 10 à 20 %. La part des hommes et des femmes qui travaillent dans les plantations est de 1,5 à 3 %. Au Guatemala par exemple, la plupart des salariés de l'industrie de la banane ne gagnent pas le salaire minimum légal de 5 dollars par jour.
Bien que l'économie bananière soit dominée par des plantations de moyenne et grande taille, il existe une dizaine de milliers de petits producteurs qui continuent de fournir le marché international.
Marché mondial de la banane
Production
En termes de valeur de production, les bananes desserts et plantains se situent au quatrième rang des plantes alimentaires d’importance au niveau mondial. 90 % de la production est consommée localement principalement avec les bananes à cuire représentant 25 % de la production mondiale de bananes. Les bananes exportées sont placées au quatrième rang des produits de base au niveau mondial et au troisième rang en tant que fruit (derrière l’orange et le raisin).
La production est assurée à 50 % par un seul groupe de bananes cultivées appelé Cavendish7 qui est victime dans certains pays asiatiques de la « maladie de Panama »8. La maladie qui frappe la Cavendish constitue un avertissement et il serait bon de songer à lui trouver une remplaçante au cas où elle devrait subir le même sort que la variété « Gros Michel », elle aussi attaquée par un champignon, et disparue des étals depuis 1960.
Inde | 23 204 800 | 25,6 % | |||
Philippines | 8 687 624 | 9,6 % | |||
Chine | 8 042 702 | 8,9 % | |||
Brésil | 7 116 808 | 7,8 % | |||
Équateur | 6 701 146 | 7,4 % | |||
Indonésie | 5 741 352 | 6,3 % | |||
Tanzanie | 3 500 000 | 3,9 % | |||
Mexique | 2 159 280 | 2,4 % | |||
Thaïlande | 2 000 000 | 2,2 % | |||
Costa Rica | 1 881 783 | 2,1 % | |||
Burundi | 1 850 000 | 2,0 % | |||
Colombie | 1 819 874 | 2,0 % | |||
Guatemala | 1 569 460 | 1,7 % | |||
Viêt Nam | 1 355 000 | 1,5 % | |||
Égypte | 1 062 453 | 1,2 % | |||
Autres pays | 14 013 640 | 15,4 % | |||
Total | 90 705 922 | 100 % |
Exportations mondiales
En milliers de tonnes (2004) Données de FAOSTAT (FAO) et L'Express10,11 | |
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Équateur | 4 444 |
Philippines | 2 383 |
Costa Rica | 2 008 |
Colombie | 1 468 |
Guatemala | 964 |
Cameroun | 262 |
Côte d'Ivoire | 229 |
Accès au marché de l'Union européenne
En 1993, des quotas ont été fixés par région de production pour l’accès au marché de l’Union européenne mais, depuis, celle des Caraïbes a diminué au profit de l’Afrique, en particulier le Cameroun. En février 2006, une révision pour réduire le commerce des licences n'a pas porté ses fruits.
Consommation
Dans les pays producteurs, les bananes dessert et bananes plantain constituent une ressource alimentaire importante pour plus de 400 millions d'habitants des pays tropicaux de la planète12. Au niveau mondial, les bananes et les bananes plantain sont la quatrième denrée alimentaire de base, derrière le riz, le blé, et le maïs13. Deux autres atouts majeurs font de la banane un élément alimentaire vital dans de nombreuses zones rurales pauvres : sa haute valeur nutritionnelle (riches en vitamines A, C et B6, par exemple), et sa production sans interruption pendant toute l'année.
Dans les pays importateurs, même si la sécurité alimentaire des consommateurs ne dépend pas de la disponibilité de la banane, le fruit se trouve sur les étals toute l'année. En 2003, selon la FAO, les Suédois en consommaient 19 kg par habitant et par an, les Danois, 14 kg, et les Norvégiens, 13 kg.
La pomme est le premier fruit consommé en France (part de marché en 2010 : 22,6 %) devant l'orange (12,3 %) et la banane (12,2 %)14.
Valeur nutritive
Banane crue | |
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Valeur nutritionnelle moyenne pour 100 g | |
Apport énergétique | |
Joules | 373 kJ |
(Calories) | (89 kcal) |
Principaux composants | |
Glucides | 22,84 g |
- Amidon | ? g |
- Sucres | 12,23 g |
- Fibres alimentaires | 2,6 g |
Protides | 1,09 g |
Lipides | 0,33 g |
Eau | 74,91 g |
Cendres Totales | 0,82 g |
Minéraux & Oligo-éléments | |
Calcium | 5 mg |
Cuivre | 0,078 mg |
Fer | 0,026 mg |
Magnésium | 27 mg |
Phosphore | 22 mg |
Potassium | 358 mg |
Sodium | 1 mg |
Zinc | 0,015 mg |
Vitamines | |
Vitamine B1 | 0,031 mg |
Vitamine B2 | 0,073 mg |
Vitamine B3 (ou PP) | 0,665 mg |
Vitamine B5 | 0,334 mg |
Vitamine B6 | 0,367 mg |
Vitamine B9 | 0 mg |
Vitamine B12 | 0 mg |
Vitamine C | 8,7 mg |
Vitamine E | 0,0001 mg |
Vitamine K | 0,0005 mg |
Acides aminés | |
Acides gras | |
Source : USDA Nutrient data for 09040, Bananas, raw |
Il existe trois grands types de banane d’un point de vue alimentaire : les bananes dessert, les bananes à cuire (parmi lesquelles les bananes plantains occupent une place prépondérante) et les bananes à bière (en Afrique la bière de banane (kasiksi) de productions artisanale ou industrielle).
La banane est un fruit très énergétique (90 kilo calories/100 g) et très riche en potassium, dont elle peut couvrir les besoins quotidiens. Nutritive, facile à digérer, elle est riche en hydrates de carbone, phosphore, calcium, fer, vitamines A, B et C. Son goût est dû à l’acétate d’isoamyle. Elle est aussi vendue sous forme de nectar.
La fleur de banane (babafigue) est également consommée par exemple à La Réunion en accompagnement du carry.
Autre utilisation
Milena Rodrigues Boniolo a testé la poudre de pelure de banane comme support de filtration des métaux lourds ou radionucléides de l’industrie nucléaire dans l’eau, et les usines d’engrais (cadmium contaminant naturel des phosphates). Cette poudre ajoutée à l’eau fortement mélangée durant 40 minutes en extrait environ 65 % des métaux lourds, l’opération pouvant être répétée. Sa charge négative lui permet de fixer les ions métalliques positifs15.
Étymologie
Le mot « banane » est dérivé du portugais, lui-même probablement emprunté au bantou de Guinée ou à l’arabe « banan » (بنان) (qui signifie « doigts »), dans l’expression en portugais rapportée en 1602 « Figuera Banana » (« figuier portant bananes »)16. Elle est appelée « figue », en créole, à la Réunion et aux Antilles.
En Français, le mot banane est aussi employé dans le langage populaire pour désigner une personne naïve, candide, simple d'esprit.
Notes et références
- Alistair Smith, La Saga de la banane, éditions Charles Léopold Mayer, 2010, p. 25
- Jenny & al., 1999, Denham, 2005.
- La banane [archive] Dossier sur Futura Sciences
- « La maturation des fruits » [archive], sur Académie Martinique (consulté le 23 novembre 2009)
- « MGIS, base de données sur les ressources génétiques du bananier » [archive].
- Les Échos, « Banane : le cri d'alarme de la FAO face à la menace de la jaunisse fusarienne » [archive], 14 avril 2014
- Vue d’ensemble de la production et du commerce de la banane dans le monde [archive].
- Pas de risque d’extinction pour les bananes, selon la FAO [archive].
- Outil de consultation des statistiques FAO pour la production [archive].
- Outil de consultation des statistiques FAO pour l’import export [archive].
- L’Express, no 2541.
- Estimation du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad)
- FAO, Continuer la lutte contre la cercosporiose noire pour sauver les petites exploitations bananières des Caraïbes [archive]
- Jean-Paul Frétillet, « les petits secrets des pommes », Magazine Ça m'intéresse no 356, octobre 2010, p. 88
- ADIT, BE Brésil (no 96, 3 avril 2007) citant le mémoire de Master de MR Boniolo défendue à l’Institut de Recherche Énergétique et Nucléaire (IPEN).
- Définitions lexicographiques [archive] et étymologiques [archive] de « Banane » du TLFi, sur le site du CNRTL.. Il est néanmoins possible que le mot provienne de l’arabe « doigt » et non du bantou, comme indiqué par Dan Keppel, Banana, Hudson Street Press, 2008;p. 44.
Annexes
Articles connexes
- Banane plantain
- Banana split
- Pisang Ambon, liqueur à la banane
- Bananier (navire)
- Bière de banane
- République bananière
- Banane bleue, zone géographique de l’Europe
Bibliographie
- Alistair Smith, La Saga de la banane, éditions Charles Léopold Mayer, août 2010
- Denham, Tim. « Les Racines de l’agriculture en Nouvelle-Guinée ». La Recherche, no 389, septembre 2005.
- Jenny, Ch., Carreel, F., Tomekpé, K., Perrier, X., Dubois, C., et al. (1999). « Les Bananiers ». In Diversité génétique des plantes tropicales cultivées, ed. P. Hamon, M. Seguin, X. Perrier, J. C. Glaszmann. p. 113-139. Repères. Montpellier : CIRAD
- (en) Jenuwein, H. (1988) Avocado, Banana, Coffee. How to grow useful exotic plants for fun. British Museum Natural History.
- (nl) Pijpers, D., Constant, J.G.& Jansen, K. (1985) Fruit uit alle windstreken. Het Spectrum.
- (en) Purseglove, J.W. (1972) Tropical crops : Monocotyledons. Longman.
- (en) Verheij, E.W.M., Coronel, R.E. (eds) (1991) Plant resources of South-East Asia vol. 2 Edible fruits and nuts. Pudoc Wageningen.
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