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mardi 8 juin 2010

20 ans déjà !!!

Du 8 juin 1990 au 8 juin 2010, il y a tout de même 20 ans. Beaucoup ne le savent peut-être pas, ou l'ont tout simplement oublié, cette date marque la renaissance du Football Africain.
La génération 1990 a su découvrir sa mission et n'a pas failli. Elle l'a remplie avec la manière. D'une époque où le continent Africain avait moins de représentant en Coupe du Monde que le Royaume-Uni, nous sommes passés à six nations. François Oman Biyik et sa bande avec en tête le capitaine "Massa" Tataw l'on fait. Ils ont donné une autre image au Football Africain. C'était difficile, mais ils l'ont fait. Au regard du palmarès de leurs adversaires, leur victoire relevait tout simplement de l'utopie. Mais, ils ont bravé.
En ce jour anniversaire de ce prestigieux match contre une équipe d'Argentine conduite par le seul Dieu vivant sur Terre (cf. Église Maradonienne), il est important de leur rendre un vibrant hommage.
Loin de toute polémique stérile, la génération 2010 devrait s'inspirer du passé glorieux de leurs ainés pour se hisser au soir du 11 juillet, au sommet du mont Thabana Ntlenyana, au pays de Chaka.

mardi 16 février 2010

Compte rendu de lecture du n° 38/2009 Ecologie & Politique

Compte rendu de lecture du n° 38/2009
Ecologie & Politique
Alimentation en Péril
Capitalisme, agricultures et alternatives

Par Gervais WAFO TABOPDA, Ph.D.

Le n° 38/2009 de la revue Ecologie & Politique consacre un important dossier d’une centaine de pages sur l’Alimentation et l’agriculture.

Après un éditorial de Jean-Paul Déléage, intitulé « Lutter pour la connaissance et la justice », Farid Benhammou présente les grands axes du dossier sur « Alimentation en péril. Capitalisme, agriculture et alternatives ». Un premier point porte sur le cadrage théorique et historique présenté autour de deux articles par Mathieu Calame et Christian Mouchet sur la nécessité d’une gouvernance mondiale. Jacques Luzi présente ensuite l’histoire de l’industrialisation de l’agro-alimentaire, tandis que Michel Buisson pose un diagnostic sur l’alimentation et les crises et termine par des propositions concrètes pour une production agricole durable et suffisante pour l’humanité. Deux réflexions fondées sur des analyses à petite échelle apportent ensuite un éclairage sur les emboitements d’échelles possibles et leurs conséquences dans un contexte d’exploitation accrue des ressources naturelles. Il s’agit du texte de Bénédicte Hermelin et Damien Legandré sur « Les agrocarburants : menaces ou opportunités pour les agricultures familiales ? » et de l’article intitulé « « Le plus grand pâturage mondial en devenir » : discours d’éleveurs et politiques publiques en Amazonie brésilienne » que signe Romain Taravella. Le dossier se termine par des thèmes d’analyse globaux où Claude Aubert et Armelle Guignier s’interrogent sur la possibilité pour l’agriculture biologique de nourrir la planète pour le premier, et des perspectives face à l’insécurité alimentaire et environnementale pour le second.

Dans son éditorial qui va de la page 5 à la page 13, Jean-Paul Déléage part d’un état des lieux des travers du capitalisme depuis les origines jusqu’au sarkozysme pour poser les fondements de la « nouvelle raison du monde ». C’est donc dans un contexte de profondes mutations que plusieurs personnalités d’organisations scientifiques, associatives et citoyennes nous éclairent au travers de leur réflexion sur les enjeux actuels et futurs de l’Alimentation et au-delà, des interactions agriculture/environnement.

Le dossier « Alimentation en péril » commence par un article introductif de Farid Benhammou qui assure sa coordination. L’auteur en tant que scientifique et citoyen présente le cadre d’une géopolitique de l’alimentation et de l’environnement. Il revient sur les raisons de la crise alimentaire mondiale qui trouvent leurs sources dans les travers de l’idéologie du « productivisme ». Il présente par la suite les principaux enjeux de l’influence du capitalisme sur la production alimentaire, avec les problèmes écologiques, sociaux et sanitaires que pose l’agro-business. Dans les pays du Nord comme ceux du Sud par exemple, les paysans apparaissent comme les principales victimes de l’agro-business. Ce contraste antre les exploitants agricoles et les paysans est renforcé par la géographie des OGM (organismes génétiquement modérés), le tout étant à l’origine de l’instrumentalisation géopolitique de la faim et de l’environnement à des fins commerciales. Pour atteindre les objectifs de productivité, il s’est mis en place une nouvelle concurrence pour les terres agricoles mondiales dans laquelle les tensions alimentaires, voire agroalimentaires s’accompagnent aussi d’un néo-colonialisme écologique et agricole… D’où une nouvelle recomposition des rapports entre pays pauvres et pays riches que renforce le Monopoly planétaire des terres agricoles. L’article introductif de Farid Benhammou s’achève sur une réflexion sur les diagnostics et alternatives pour nourrir l’humanité en prenant en compte l’environnement et se pose la question suivante : « Nourrir le monde avec l’agriculture biologique est-il possible ? » Cette question sera centrale dans la suite du dossier.

En page 33, Matthieu Calame et Christian Mouchet interpelle l’opinion sur la nécessité d’une gouvernance mondiale en matière d’Alimentation et d’agriculture, ce qui aura pour mérite, d’assouplir les dispositifs à mettre en place et d’inciter la participation de tous les acteurs, notamment les politiques et les scientifiques.

Jacques Luzi dans son article sur une histoire de l’industrialisation de l’agroalimentaire analyse en profondeur et ce sur 13 pages, deux ouvrages à savoir, Le monde selon Monsanto et Le marché de la faim. Ces livres cultes retracent l’historique de l’alimentation et l’agriculture à travers des luttes politiques et des débats scientifiques, ce qui amène l’auteur à se demander si le marché est libre et équitable comme le veut le libéralisme.

Pour finir avec l’étude du cadre théorique et l’analyse du contexte des enjeux de l’alimentation et de l’agriculture, Michel Buisson fait quelques propositions après un essai de diagnostic sur les questions alimentaires dans l’entrelacs des crises. On apprendra par exemple que face à la forte croissance des besoins alimentaires et des difficultés pour les satisfaire, une hausse de production n’est possible que si elle est écologique, car l’évolution des modes de production agricole depuis 50 ans a entrainé une forte dégradation des ressources naturelles.

Bénédicte Hermelin et Damien Lagandré du Groupe de recherche et d’échanges technologiques (Gret), tout comme Romain Taravella apportent des éléments concrets pour illustrer les enjeux que suscitent les nouveaux rapports à la terre et aux ressources naturelles. Pour les premiers, les agrocarburants représentent des opportunités ave l’augmentation du prix du pétrole, et des risques avec les enjeux fonciers qui influenceraient de manière directe, les agricultures familiales. Le second quant à lui donne la parole aux éleveurs latifundiaires de l’Amazonie brésilienne, dans une analyse des politiques publiques à travers le soutien des pouvoirs publics autour de ce qu’il appelle « le plus grand pâturage mondial en devenir ».

Après Marinella Corregia qui pose les bases d’une veg-révolution alimentaire avec un démantèlement de l’abattoir global en 2030, Claude Aubert, à partir de plusieurs illustrations de tableaux et de figures tente d’apporter une réponse à la question centrale de départ en ces termes : « Nourrir la planète avec l’agriculture biologique : mythe ou réalité ? ». Ce dernier qui est un des pères du bio et de l'agriculture alternative en France, montre qu’en dépit des réticences des tenant de l’agriculture conventionnelle, l’agriculture biologique arrive à faire jeu égal en matière de production, notamment dans les exploitations de type extensif. En faisant un rapprochement entre l’accroissement de la production agricole consécutif à la révolution verte des années 1970 et l’augmentation du nombre de personne vivant dans la faim, Claude Aubert montre que le recours aux pesticides, aux engrais de synthèse et aux OGM n’est nullement nécessaire pour produire assez pour nourrir tous les habitants de la planète…C’est pour clôturer ce dossier que Armelle Guigner, va d’abord passer en revue la réglementation internationale en matière d’Alimentation et d’agriculture, pour répondre à la question sur l’avenir de la sécurité alimentaire et environnementale. L’auteur évoque le respect et la mise en œuvre des Droits de l’Homme et parle des potentialités de la sécurité alimentaire en citant l’exemple du Venezuela qui a adopté en juillet 2008 un décret valant Loi organique, garantissant le droit à l’alimentation, mais également la souveraineté alimentaire et agroalimentaire.