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vendredi 8 novembre 2013

Les tropiques devraient être les premiers à connaître des températures record

Les régions tropicales seront les premières à connaître des changements climatiques sans précédent et  conduisant à des bouleversements importants pour la biodiversité et les communautés, avance une étude publiée dans la revue Nature.
 
Selon le document, les régions proches de l'équateur seront sujettes, avant le reste du monde,à des températures moyennes plus chaudes que celles connues sur une moyenne de 15 ans, ce qui mettra à rude épreuve leur riche biodiversité adaptée à des conditions climatiques stables.

"Les espèces vivant aux pôles y sont déjà accoutumées à la grande variabilité du climat et sont donc mieux armées pour affronter les changements climatiques que les espèces vivant dans les régions tropicales et habituées à un climat très stable", insiste Camilo Mora, professeur adjoint de géographie à l'Université de Hawaii, aux États-Unis, et auteur principal de l'étude.

Le nouveau modèle compare les prédictions énoncées par 39 modèles climatiques avec la gamme historique des températures observées à certains endroits depuis 1860, ainsi que des données sur la conservation et des éléments socio-économiques.

Le seuil de températures sans précédent est franchi quand les températures moyennes pour un endroit donné dépassent celles des années les plus chaudes enregistrées dans l’histoire.
 

La nécessité se fait cruellement sentir de procéder à davantage de mesures pour comprendre comment les écosystèmes peuvent faire face à des climats de plus en plus chauds.

Chris Huntingford, Centre d’écologie et d’hydrologie


Le modèle avance que même si des mesures immédiates sont prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, cette étape importante sera atteinte d'ici 2069 par le monde dans son ensemble.

Elle pourrait l’être dès 2047 dans l’hypothèse d’un maintien du statu quo, si les émissions ne sont pas réduites. Les auteurs de l’étude avancent que les régions tropicales seront affectées avant même cette date par des températures sans précédentqui seront atteintes par exemple d’ici 2020en Indonésie, dans la province de Papouasie, d’ici à 2023 en Jamaïque et d’ici 2024 en Guinée équatoriale.

Si l’on en croit le scénario présenté par l’étude, des températures de surface des océans jamais connues jusque-là devraient être atteintes d'ici à 2051 ou 2072. Les niveaux d'acidité des océans sont d’ores et déjà supérieurs aux normes historiques, ajoutent les experts.

Ces changements rapides produiront des environnements auxquels les plantes et les animaux ne sont pas adaptés, causant un appauvrissement étendu de la biodiversité. Cela touchera surtout les régions tropicales où cette richesse biologique est plus importante, poursuit l'étude.

La perte de biodiversité sera aggravée parce que les pays à faible revenu - dont la plupart se trouvent sous les tropiques - manquent souvent des ressources et de la capacité pour mettre en œuvre des stratégies de conservation efficaces, ajoute le document.

Le coût humain, en particulier dans les régions en développement, pourrait lui aussi atteindre des sommets. Entre un et cinq milliards de personnes vivront dans des zones touchées par des changements climatiques sans précédent d’icià 2050, selon l'étude.
"Le fait que les premiers départs climatiques se produisent dans les pays à faible revenu souligne une disparité évidente entre ceux qui tirent économiquement profit des processus menant aux changements climatiques et ceux qui auront à en supporter la plupart des coûts environnementaux et sociaux", écrivent les auteurs.
Chris Huntingford, modélisateur du climat au Centre d’écologie et d’hydrologie, au Royaume-Uni, estime que la force de l'approche de l'étude tient au fait qu'elle s‘écarte des dates souvent arbitraires fixées par les hommes politiques comme des jalons importants.

"Elle permet au monde de la science de donner les dates [importantes] en indiquant le seuil qui nous inquiète et l'année au cours de laquelle il sera atteint", indique-t-il à SciDev.Net.

Mais les affirmations relatives à la façon dont les changements climatiques affecteront la biodiversité doivent être accueillis avec prudence car certains éléments semblent indiquer une adaptation rapide des écosystèmes à l'évolution des températures, ajoute-t-il. 

"La nécessité de procéder à davantage de mesures pour comprendre comment les écosystèmes peuvent faire face à des climats de plus en plus [chauds] se fait cruellement sentir", laisse-t-il entendre.

Lien vers l’étude complète dans Nature

Références

Nature doi:10.1038/nature12540 (2013)

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