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jeudi 28 juillet 2011

Militantisme de réaction ou action militante ?

Gervais Wafo Tabopda, PhD

Plusieurs évènements récents ont été l’occasion pour la société civile Africaine, et notamment de sa Diaspora, de faire montre de sa vitalité et de son esprit critique parfois virulent. Je parle plus particulièrement des évènements postélectoraux en Cote d’ivoire et de l’intervention de l’OTAN en Lybie.

Paradoxalement, le manque de débat afro-africain autour de la catastrophe alimentaire de la corne de l’Afrique est en contradiction avec cette vitalité observée et son militantisme de réaction. Est-ce à dire que la société civile africaine ne se préoccupe pas des problèmes qui ne relèvent pas des rapports de force entre l’Occident et l’Afrique ? Sa posture est-elle uniquement similaire à une attitude de réaction ?

Ces questions sont la preuve qu’une partie de la société civile de la Diaspora Africaine minimise la part de responsabilité des Etats africains dans la majeure partie des problèmes rencontrés sur le continent : le néo-colonialisme, la crise économique, les guerres civiles, les famines et la corruption…

En effet, la situation actuelle d’insécurité alimentaire dans laquelle se trouve la Corne de l’Afrique est au-delà des conditions climatiques, une conséquence des choix politiques et économiques des pays concernés. C’est à mon humble avis une occasion offerte à la société civile africaine, pour l’ouverture d’un débat critique et constructif sur les choix parfois discutables de certains pays qui font de ce continent un éternel assisté aux ressources enviées. Bref de véritables actions militantes…

Le Kenya et l’Ethiopie sont parmi les premiers producteurs de fleurs dans le monde. La culture des roses couvre 62 % des terres cultivables au Kenya pour une production de plus de 2 millions de tonnes par an. Par ailleurs en Ethiopie, le gouvernement fait louer 3 millions d’hectares de terres cultivables à des exploitants indiens, saoudiens ou coréens pour moins de 2 dollars par hectare et par an, tout en expropriant les paysans sans contrepartie.

La société civile africaine doit faire preuve de vigilance face à la colonisation alimentaire dont l’Afrique est à la fois responsable et victime. La baisse des précipitations est notée dans la plupart des pays situés à la même latitude que les pays est-africains. La famine n’est pas pour autant observée avec la même ampleur en Egypte ou en Jordanie. A la place des fleurs, les gouvernements Kenyans et Ethiopiens opteraient pour la culture des haricots ou du maïs…

L’Union Africaine au lieu de recourir sans cesse à l’aide alimentaire penserait plutôt à créer un Fond Agricole Africain de soutien aux petits producteurs paysans. Ce n’est que par des actions pertinentes et efficaces que l’Afrique se mettra à l’abri du Monopoly planétaire de ses terres agricoles. Tant que l’Afrique sera dépendante de l’OTAN tant pour son alimentation que pour son agriculture, sa politique sera dictée par l’Occident …

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