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dimanche 21 décembre 2014

Discours de réception de Léopold Sédar Gnilane Senghor

Le 29 mars 1984

Réception de M. Léopold Sédar Senghor


M. Léopold Sédar Senghor, ayant été élu par l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. le duc de Lévis Mirepoix, y est venu prendre séance le jeudi 29 mars 1984, et a prononcé le discours qui suit :
       
Messieurs,
     Comme nombre de faits sociaux, les événements de Mai 1968 ont bouleversé, par-delà l’Université, la société française elle-même. En effet, ils allaient mettre en cause l’idée et, partant, la mission de l’Histoire. C’est que Mai 1968 a eu, dans l’Université, des conséquences d’abord négatives, mais qui, parce que telles, allaient provoquer des réactions vigoureuses, et fécondes en définitive.
     Dès 1930, en effet, les historiens avaient commencé de critiquer l’Histoire telle qu’on l’avait enseignée sous la Troisième République. C’était, alors, un condensé, parfois pittoresque, de faits politiques et militaires, rigoureusement datés. Après Mai 1968, on adopta une autre Histoire : non pas intégrée, mais lacérée en thèmes et insérée dans un ensemble qu’on voulait « social ». On avait voulu s’évader d’un « pointillisme chronologique » ; on lui a substitué un « thématisme » où l’on sent un relent positiviste.
     Les dégâts furent considérables, dont le moindre ne fut pas l’ignorance, croissante, du passé national où était la jeunesse française. C’est contre ce déracinement culturel que, dès 1979, réagit l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie. D’où la création, en 1982, de la « Mission » sur l’enseignement de l’Histoire, qui a abouti, l’an dernier, au rapport Girault.
     Parmi ceux qui réagirent le plus vigoureusement contre la conception thématique de l’Histoire, figurait le duc de Lévis Mirepoix. Celui-ci lui opposait la vision globale, qui doit caractériser chaque époque, chaque continent, chaque peuple. Il s’agit d’une histoire intégrale, dans l’esprit de ce que j’appellerai la Révolution de 1889.
     C’est en m’attachant à définir, sur le vif de son œuvre, la méthode de l’historien et le grand talent de l’écrivain que je pourrai le mieux, Messieurs, m’acquitter de mon devoir de reconnaissance envers vous. C’est le sens que je donne au très grand honneur que me fait le Président François Mitterrand, protecteur de l’Académie, en assistant à cette cérémonie. Auparavant, je voudrais parler d’Antoine de Lévis Mirepoix.
     La famille du duc de Lévis Mirepoix a été, dès le XIIIe siècle, intimement mêlée à l’histoire de la nation française. En 1209, Guy de Lévis Mirepoix quitta son Ile de France pour accompagner, dans le Midi, Simon de Monfort, parti en croisade contre les Albigeois.
     La longue lignée d’ancêtres tissée dans l’Histoire de France ne fut sans doute pas étrangère à la vocation de notre historien. Ses études classiques, terminées par une licence de philosophie en Sorbonne, la favorisèrent certainement. Du moins contribuèrent-elles à donner, à son Histoire de France – c’est le titre que je donnerai à l’ensemble de ses œuvres –, cette profondeur de vision qui la caractérise.
     Des quelque trente-deux ouvrages de notre auteur, je ne veux retenir que ceux qui se rapportent à l’Histoire de France. Je distinguerai, d’une part, les ouvrages généraux et, d’autre part, ceux ressuscitant de grandes figures qui ont marqué leur époque. Parmi les premiers, je citerai : La France féodale, La Monarchie française, La France de la Renaissance, Grandeur et Misère de L’INDIVIDUALISME français. Parmi les derniers, je me suis arrêté à Philippe Auguste, Philippe le Bel, François Ier, Henri IV et Robespierre.
     Derrière les événements ou, mieux, les faits, M. de Lévis Mirepoix entend nous suggérer une certaine idée de la France. Dans son cheminement à travers l’histoire de l’Hexagone, nous suivrons sa réalisation. En même temps, nous soulignerons, pour chaque époque, les traits caractéristiques, en évolution, de la civilisation française.
     Mais qu’est-ce que l’Histoire ? Paradoxalement, mais heureusement, son objet n’a pas changé depuis quelque 2 400 ans, depuis Hérodote. En effet, dans le préambule de ses « Histoires », celui-ci nous les présente comme « l’exposé » des résultats de ses « recherches », qu’il voudrait faire garder dans la mémoire des hommes. Ses recherches sur les « actions importantes et remarquables aussi », accomplies aussi bien par les Barbares que par les Grecs. C’est ainsi que je traduis erga mégala té kaï thômasta. Toute l’Histoire est là, dans cette première phrase. L’Histoire considérée comme une « science humaine », qui met l’accent sur les faits significatis.
     Pour revenir à notre auteur, si M. de Lévis Mirepoix a gardé, voire accentué le sens humaniste, appliqué à l’histoire de France, sa méthode et ses moyens sont du XXe siècle. Il s’agit d’une histoire scientifique, voire quantitative. Cependant, en réaction contre le positivisme attardé, notre historien s’est fait, encore une fois, une vision intégrale de l’humanité. C’est pourquoi il ne se fie pas à la seule raison discursive. La Révolution culturelle de 1889, marquée par l’Essai sur les Données immédiates de la Conscience d’Henri Bergson, lui a rappelé, en son temps, que les anciens Grecs, fondateurs de la raison albo-européenne, accordaient plus d’importance à l’intuition qu’à la discursion et autant à la sensibilité qu’à la volonté. D’où, au côté des causes matérielles, l’importance que M. de Lévis Mirepoix accorde aux causes psychologiques : à la psychologie des nations comme des individus. Cependant, cette psychologie des foules, il a pris soin, allant « de la Biologie à la Culture », de l’enraciner dans la géographie, l’ethnie – j’allais dire la « race » – et la civilisation.
     Armé de la conception que voilà, M. de Lévis Mirepoix s’est mis à la recherche des documents : des matériaux par excellence de l’Histoire. Peu d’historiens ont eu à ce point la conscience de la documentation. Comme le dit Henri Marrou dans son De la Connaissance historique, « l’histoire se fait avec des documents ». Nous ne pouvons, en effet, sans ces moyens, connaître le passé, ni surtout ses hommes.
     C’est là que se situe cette science auxiliaire de l’histoire, l’heuristique, qui consiste à découvrir les faits significatifs. Encore faut-il bien interpréter ceux-ci. Ici, en effet, il faut, autant que « l’esprit de géométrie », faire intervenir « l’esprit de finesse ». Le fait ainsi découvert, précise Marrou, il faut rechercher « tous ses tenants et aboutissants : ses causes, ses effets, sa signification, sa valeur (pour les acteurs, les contemporains... pour nous) ». C’est ce qui, par exemple, apparaît, dans la dialectique des causes et des effets, à propos de l’assassinat d’Henri IV par Ravaillac.
     L’historien Antoine de Lévis Mirepoix a toujours pris soin de lire ses prédécesseurs, les historiens de la France, depuis Jean Froissart et Philippe de Commynes jusqu’à Jules Michelet, jusqu’à Albert Mathiez. Les historiens, mais aussi les historiographes, chroniqueurs et autres mémorialistes. Mais encore les archives nationales. Il descendait jusqu’aux « papiers de famille », en commençant par les siens, que sa famille a cédés, en « dation », à l’État et qui constituent plus de mille cartons et grands registres.
     Ainsi présentés l’esprit et la méthode de l’historien, je distinguerai : la France féodale, la France de la Renaissance et de Louis XIV, la France de la Révolution et des temps modernes.
     Messieurs,
     Pour le duc de Lévis Mirepoix, la Nation française naît avec les Capétiens. Auparavant, c’étaient les « préliminaires de la France ». Ceux-ci débutent avec « l’héritage gallo-romain », très exactement avec la chute de l’Empire d’Occident. Mais, déjà, se dessinait, à travers la Gaule romaine, « l’Hexagone sacré » : un ensemble de paysages s’exprimant, tour à tour, par la grâce mélodieuse ou la force abrupte.
     C’est dans ce cadre, si original dans sa variété, que s’est développée l’ethnie, puis la nation française par métissages successifs, biologiques et culturels. Comme nous l’apprennent les plus grands biologistes d’aujourd’hui, dont Jean Bernard et Jacques Ruffié, toutes les nations créatrices sont faites de ce double métissage. Ici, les Romains se sont ajoutés au vieux fonds gaulois, et, aux Romains, les différents peuples germaniques. Je note, en passant, que des peuples pré-indo-européens avaient précédé « nos ancêtres les Gaulois », dont les Basques.
     À la spiritualité des Celtes, se greffa l’esprit de méthode et d’organisation des Latins. Quant aux Germains, leur sensibilité, profonde mais à réaction lente, apportera, à l’art français, ce lyrisme lucide qui distingue nombre d’écrivains et d’artistes du Nord, tandis que les troubadours et autres artistes du pays d’oc ne seront pas sans avoir emprunté quelque chose à l’héritage ibère, sinon ligure. Et le christianisme vint mûrir, en les spiritualisant au plus haut degré, les apports des différents peuples entrés dans l’Hexagone.
     J’aborderai la France féodale, avec le duc de Lévis Mirepoix, en commençant par Hugues. Prenant le pouvoir, celui-ci fit, « dès la première année de son règne », reconnaître et sacrer son fils Robert. Et c’est ce geste qui, en fondant le principe de l’hérédité, donnera, à la monarchie, la continuité dans la durée. Il s’agit, directe ou indirecte, d’une hérédité avec transmission du pouvoir royal « de mâle en mâle, par primogéniture ».
     « Parler d’anarchie féodale, écrit le duc de Lévis Mirepoix, c’est employer deux mots et deux idées qui ne peuvent aller ensemble ». Comme le dit son étymologie latine, la « féodalité » était une organisation politique et sociale, fondée sur un pacte, mieux, une alliance qui se définissait par « la réciprocité des services ». Grâce au christianisme, ces engagements s’appuyaient sur une force morale.
     La féodalité est née d’une réaction contre les violences et l’anarchie née des invasions germaniques. Alors, le meilleur refuge des habitants de la campagne était le donjon du chevalier : du noble, qui possédait un domaine à l’abri d’un château. Celui-ci, par contrat, en louait les terres à des paysans, qui les cultivaient contre des redevances de diverses sortes. À son tour, le seigneur rural s’engageait envers un seigneur d’un plus haut titre. Jusqu’au roi de France.
     La féodalité, comme système de services réciproques, nous précise M. de Lévis Mirepoix, est animée « par un même principe vital qui circule à travers le Moyen Âge comme le sang sous la peau : l’hérédité. À peu près tout est héréditaire dans la société civile... jusqu’au commerce et au métier ». Ce qui n’empêche pas l’élection d’intervenir quand il est question de l’administration et du fonctionnement des corps constitués : des États généraux et provinciaux, des communes, des villes franches, etc.
     Le grand dessein de La Monarchie française pendant le Moyen Âge sera, enracinée dans ces collectivités, de maintenir, en la développant, la réalité vivante de la France, d’en faire son grand œuvre. Et la République maintint le dessein. C’est la thèse d’Antoine de Lévis Mirepoix.
     Cette certaine idée de la France, dont notre historien poursuit la réalisation à travers un millier d’années, est la symbiose de deux vertus, complémentaires. C’est, d’une part, l’autorité de l’État, c’est-à-dire la capacité de se faire obéir ; ce sont, d’autre part, les libertés, qui, données aux collectivités et aux groupes, aux familles et aux personnes, leur permettent de s’épanouir.
     Dans le développement de ces libertés, deux souverains ont, au Moyen Âge, joué un rôle majeur : Louis IX, devenu Saint-Louis, et Philippe IV le Bel. Les « ordonnances de Beaucaire », signées par Saint-Louis, furent l’expression la plus significative de cette volonté royale. Il s’y est agi, essentiellement, de poser un principe général : celui de la consultation, régulière, par le roi des « seigneurs, clercs et magistrats des villes », qui, sous peine de nullité, votent les impôts. Au lieu de supprimer, simplement, la coutume féodale en coupant les racines de la nation française, Louis IX voulait y greffer le droit romain en retenant les principes de rationalité humaniste qui, jusqu’à présent, font la valeur du droit français. Et Philippe le Bel, moins juge que légiste, continua l’œuvre de Louis IX.
     J’ai parlé des libertés données aux métiers. Notre historien y insiste. Et ce n’est pas hasard s’il établit un parallélisme entre la chevalerie et la corporation, celle-ci étant complétée par la confrérie. Il y avait, de l’autre côté, le principe, complémentaire, de la liberté dans l’association. Et l’historien de souligner que « la confrérie pratiquait le secours mutuel et la bienfaisance ». Surtout, il n’y avait pas encore de « classes » parce que pas de capitalisme. Les « états » étaient perméables l’un à l’autre, car, selon son travail et ses mérites, le bourgeois, voire le paysan pouvait accéder à la noblesse.
     Du domaine économique et social, nous passerons à la culture en rappelant ce qu’Antoine de Lévis Mirepoix appelle « la Renaissance des XIIe et XIIIe siècles ».
     Bien sûr, il y a eu la fondation des universités. Et, auparavant, l’édification, par le clergé, de tout un système d’éducation, correspondant aux enseignements primaire, secondaire et supérieur avec les « petites écoles », les « grandes écoles », enfin, les « collèges », dont Philippe Auguste groupera ceux de Paris pour en faire la première université.
     Ce qu’on enseignait ? C’était, d’abord, avec les lettres antiques, la philosophie scolastique. Quant à l’enseignement du latin, sous la forme d’une langue souple, mais rationnelle, c’était encore l’exercice qui formait le mieux l’esprit français. Et les sciences n’étaient pas oubliées, dont les mathématiques, l’alchimie, la médecine.
     Dans la France féodale, Antoine de Lévis Mirepoix nous introduit au premier monde des Lettres et des Arts qui mérite le titre de « français ». Cette littérature du Moyen Âge est significative, dont je ne retiendrai que la poésie. C’est la première expression d’une francité toute neuve, qui reflète la riche symbiose culturelle dont nous avons déjà parlé. La poésie du Nord est une poésie épique, née de la tradition orale des anciennes chansons de geste. Le génie, non pas germanique, mais celtique s’y révèle encore. Le héros y est, en effet, à la quête du Saint Graal, de l’Absolu divin plus que de l’amour humain. Avec le Midi, l’amour de sa dame l’emportait sur toute autre quête. D’un mot, la poésie de langue d’oïl était plus visionnaire et rythmée, tandis que celle d’oc était d’une beauté plus plastique, plus formelle.
     Après la littérature, la Cathédrale, qu’Antoine de Lévis Mirepoix nous présente comme le premier « aspect » de la civilisation du Moyen Âge. L’historien nous le rappelle, l’art roman, rationnel, mathématique, nous était venu de la civilisation gréco-romaine. L’art gothique est autre : par ses origines, non par son but, surtout par ses techniques, son style. L’art roman était caractérisé par le plein-cintre sur des murs solides, exactement calculés ; l’art gothique se définit par l’ogive ou arc brisé. Le but reste le même, qui est, par des formes plaisantes aux yeux et au cœur, de porter l’âme jusqu’au ciel. Il y a seulement que l’art gothique emploie les moyens poétiques des Celto-Germains, faits d’élégance légère, rêveuse. Les images de ses sculptures, mais, auparavant, ses formes sur les piliers, les chapiteaux, les voûtes, ne sont pas figées dans une symétrie quasi mathématiques ; elles sont entraînées dans un rythme fait de répétitions qui ne se répètent pas.
     Il reste que l’Histoire d’aujourd’hui, comme science humaine, ne peut se passer entièrement de « l’Histoire de Papa » : des faits politiques et militaires. D’autant moins que c’est la Guerre de Cent Ans qui termine le Moyen Âge, à laquelle M. de Lévis Mirepoix a consacré une monographie.
     Les Capétiens directs avaient voulu « marcher devant la France » pour opposer une « force d’attraction » à la « force centrifuge » des provinces et des villes. Mais la force centrifuge venait également de l’extérieur. Il s’agissait, ici, de faire coïncider les frontières avec les limites de l’Hexagone. C’est dans ce grand dessein qu’il faut situer les victoires de Bouvines et de Mons-en-Pévèle, des « victoires créatrices », comme dit M. de Lévis Mirepoix, dont la dernière opéra le « transport de la Flandre » dans le royaume.
     Précisément, le roi d’Angleterre Édouard III saisit le prétexte de « l’éternelle question de Flandre » pour réclamer, en 1337, la couronne de France. Dans le « tableau chronologique de la Guerre de Cent Ans », M. de Lévis Mirepoix compte nombre de grandes batailles. Si les Français ne gagnèrent que deux batailles, ce furent les dernières, et ils reconquirent la Normandie, puis la Guyenne.
     Cette guerre, interminable, aura été le plus grand effort d’unité et de continuité des rois de France. Et il se produisit le phénomène Jeanne d’Arc. Une jeune fille était née dans une marche du royaume : « dans un foyer paysan, libre sur son petit bien ». Et elle incarna le patriotisme français : la lucidité, le courage et la foi dans l’avenir de la nation comme en Dieu. Et elle remplit sa mission auprès du roi.
     La France sortait donc agrandie de ces épreuves, et la nation, fortifiée, mais non sans bouleversements économiques ni sociaux. Les fléaux simultanés de l’invasion, de la guerre civile, du brigandage, souligne notre historien, avaient désarticulé le système féodal. La remise en ordre du royaume amena d’importants « retournements ». Cependant, les mêmes causes ne produisant pas toujours les mêmes effets, la guerre, dans son ensemble, avait favorisé le retour à la prospérité, comme l’ont chanté les poètes de ce temps.
     Louis XI, un des grands Valois, allait jouer le double rôle de liquidateur de la Guerre de Cent Ans et de précurseur de la Renaissance. M. de Lévis Mirepoix nous le montre jouant au « jeu de bascule entre l’unité et les franchises », annexant la Bourgogne, l’Anjou, la Provence et le Maine. Dès lors, il pouvait courir « les aventures créatrices ».
     Loin de ruiner la France, les « chevauchées d’Italie » furent les levains actifs de la Renaissance. Les États italiens, nous dit l’historien, avaient, avec les sciences et les techniques, développé l’économie, puis, par surcroît, « l’expression de l’individu, particulièrement propice à la création artistique et littéraire ».
     Les États italiens, fatigués des interventions de l’empire germanique et du royaume d’Aragon, sans oublier l’Angleterre, avaient fini par appeler Louis XI. C’est pourquoi jusqu’à Henri IV, la politique extérieure des rois de France aura pour objectif majeur de briser la coalition des Trois Grands.
     Charles VIII commença par réunir les États généraux à Tours, en 1484, qui firent porter leurs revendications sur six chapitres, dont la diminution de la taille. Et celles-ci furent satisfaites par Charles VIII et son successeur. En même temps, le roi de France mit sur pied, explique M. de Lévis Mirepoix, « une des plus puissantes armées de l’époque ».
     Cela dit, Charles VIII et le duc d’Orléans, qui lui succèda sous le nom de Louis XII, ne remportèrent pas, en Italie, des succès définitifs. Cependant, M. de Lévis Mirepoix conclut ainsi : « Ni le commerce, ni l’agriculture n’avaient souffert des guerres d’Italie ».
     Monté sur le trône à vingt et un ans, et reprenant les prétentions de son prédécesseur sur le Milanais, François Ier gagna la bataille de Marignan. Les conséquences en furent d’une grande importance, dont la paix de Fribourg et le Concordat de 1516.
     Mais voilà qu’en 1519, Charles monte sur le trône d’Allemagne sous le nom de Charles Quint, dont les États entourent la France. C’est précisément à rompre cet encerclement que le roi de France emploie ses brillantes qualités. Les résultats de ses campagnes sont contenus dans les traités de Madrid et de Cambrai, puis dans la paix de Crespy. La France renonçait à toutes ses prétentions en Italie, tandis que Charles Quint le faisait sur la Bourgogne.
     La politique intérieure des rois de France depuis Louis XI peut, selon notre historien, se résumer en un mot, la Renaissance. On définit généralement la Renaissance comme « un essor intellectuel provoqué... par le retour aux idées et à l’art antique gréco-latins ». C’est plus complexe.
     Antoine de Lévis Mirepoix nous présente la boussole et l’imprimerie comme les facteurs les plus actifs de la nouvelle civilisation. Allons plus loin. En littérature et en art, on est moins sensible aux idées qu’aux sentiments, à la vie intérieure qu’à son expression artistique, à la vérité qu’à la beauté. Et l’on nous montre un monde où le développement individuel l’emporte sur la solidarité sociale, le développement artistique et littéraire, sur la vie spirituelle.
     Quelle est, dans tout cela, l’action des rois de France ? François Ier fait mieux que ses prédécesseurs. Citant Michelet, Antoine de Lévis Mirepoix écrit : « Tous les princes de son temps honorèrent les penseurs et les artistes, mais François Ier les aima ». Il les fréquente, y compris les savants, en les aidant. Et il fonde le Collège de France.
     Quels furent les résultats ? Dans les lettres et les arts, je ne retiendrai, une fois de plus, que l’architecture et la poésie.
     Nous l’avons dit, le Quattrocento, renouant avec Rome plus qu’avec Athènes, voyait, dans l’architecture, un art scientifique. Les Valois firent adapter les emprunts au génie, complexe, du tempérament français. M. de Lévis Mirepoix le note, « les architectes français de la Renaissance opposaient, aux lourdes masses féodales », une architecture plus légère, ajourée, aérienne.
     Quant à la poésie de la Renaissance, il a fallu attendre la Révolution de 1889 et les symbolistes pour découvrir son authenticité. J’insisterai sur l’École lyonnaise. Antoine de Lévis Mirepoix a, au demeurant, souligné que le mouvement de l’École lyonnaise était « antérieur à la Pléiade », ce mouvement où florissaient des génies comme Maurice Scève et Louise Labé. Et ce n’est pas hasard si les poètes contemporains se reconnaissent en eux, qui ont incarné, avant la lettre, l’esthétique du XXe siècle, que je définis : « Un ensemble d’images analogiques, mélodieuses et rythmées ».
     Après la Renaissance, la Réforme, qui fut comme le remède de ses excès. C’est qu’à la fin du Moyen Âge, les mœurs s’étaient relâchées dans maints monastères. À quoi commencèrent de réagir beaucoup de consciences.
     On ne le dira jamais assez, les papes et les rois de France se conjuguèrent, d’abord, « pour sauver l’unité de la chrétienté et accomplir, à l’intérieur, la réforme de l’Église ». François Ier alla jusqu’à sauver la vie à des personnalités poursuivies, dont Calvin. Il fit mieux en signant l’édit de Tolérance.
     Le roi Henri Il continuera la politique de François Ier. Malgré une tentative d’assassinat sur sa personne, il sut raison garder. Après une série de batailles où, dans chaque camp, les défaites avaient équilibré les victoires, Charles Quint « abdiqua solennellement ses couronnes ». Et Henri II finit par redécouvrir la vocation de la France, qui est une « reconcentration » sur le pré carré. C’est le sens que donna le roi à la paix de Cateau-Cambrésis, signée en 1559. Metz, Toul et Verdun lui revenaient.
     Charles IX reprit le combat de l’unité. Parvenu à sa majorité, il profita de la clôture du concile de Trente pour signer, en 1568, la paix de Longjumeau, qui accordait la liberté de culte et que viendra renforcer, en 1570, la paix de Saint-Germain.
     Cependant, le roi, s’étant émancipé de sa mère, Catherine de Médicis, s’appuyait sur l’amiral de Coligny. C’est pourquoi elle fit tirer sur Coligny. Ce qui provoqua la nuit de la Saint-Barthélémy, le 24 août 1572. Le roi, conclut l’historien, « ne sortit de son hallucination sanglante que pour entrer dans un remords qui abrégea sa faible vie ».
     Henri III succéda à Charles IX. C’est lui qui signa l’édit de Beaulieu le 15 mai 1576, où « la Saint-Barthélémy était publiquement désavouée ». Il y ajouta la paix de Bergerac. Celle-ci « reconnaissait la liberté de conscience » et « l’accès aux charges publiques, sans distinction confessionnelle ». Ce qui n’empêcha pas un moine, Jacques Clément, d’assassiner le roi en 1589.
     Le fait qu’Henri IV est protestant l’amènera, dans tous les domaines, à continuer l’œuvre des Valois. Il commence son règne par la Déclaration de Saint-Cloud, et il prend le temps de se donner « librement à la religion catholique ». Ensuite, le roi de France signe l’édit de Nantes, qui reprend celui de Poitiers et étend les libertés des protestants.
     Ayant réglé ce problème, Henri IV reporta toute son attention sur les problèmes économiques et sociaux. Avec lui, l’agriculture a la priorité. Cependant, en même temps qu’il faisait du « labourage et pâturage... les deux mamelles de la France », sans oublier l’industrie, le Bourbon faisait mûrir la Renaissance en classicisme avec Malherbe.
     Proclamée sa majorité en 1616, Louis XIII se montra un roi lucide, encore que « peu communicatif ».
     S’agissant de la politique étrangère, la situation de la France s’était aggravée. Comme le rappelle M. de Lévis Mirepoix, Vienne et Madrid s’étaient rapprochés et un différend était né « entre les couronnes de France et d’Angleterre au sujet de Québec ». Heureusement, Richelieu, premier ministre, parvint à faire confirmer, par le traité de Saint-Germain-en-Laye, « le retour du Québec à la France ». Pendant ce temps, avait éclaté, entre l’empereur et les protestants, la Guerre de Trente Ans.
     Richelieu et Louis XIII mourront en 1642 et 1643. Non sans avoir, auparavant, acquis le Roussillon à la France. Et c’est Louis XIII, vous le savez, qui donna naissance à l’Académie française par Lettres patentes de janvier 1635.
     Louis XIV hérita du trône à l’âge de onze ans, et Anne d’Autriche s’empressa de mettre la régence dans les mains de Mazarin, qui, par le traité de Westphalie, ajouta l’Alsace, sauf Strasbourg, aux « trois évêchés ».
     Louis XIV était encore enfant quand éclata la Fronde. Devenu majeur, il déclara qu’il serait son propre « premier ministre ». Après le traité des Pyrénées, qui donnait l’Artois à la couronne, l’un de ses premiers actes d’autorité fut, nous dit M. de Lévis Mirepoix, de « diminuer incontinent trois millions sur les tailles déjà réglées ». S’opposant à La Bruyère, qui nous présente les paysans comme des « animaux farouches », l’historien nous montre le peuple de France, artisans et paysans, plus prospère avec la prospérité du royaume, favorisée par le développement des manufactures, mais rendu à la « misère » par les revers militaires.
     Je ne m’étendrai pas beaucoup sur les guerres dont est tissé le règne de Louis XIV. C’est la guerre de la Succession d’Espagne qui fut la plus meurtrière du règne. Elle se termina par le traité d’Utrecht et de Rastadt. La France conservait l’essentiel, la frontière du Rhin, après avoir récupéré la Franche-Comté.
     Il me faut, ici, faire retour en arrière. Sous Louis XIV, « l’empire colonial mesurait déjà quelques millions de kilomètres carrés », précise M. de Lévis Mirepoix avant de parler du Code noir, qui date de 1685. Tout en signalant que c’est, là, « une atténuation de l’esclavage », il s’étonne : « On se demande comment les nations d’Europe ont pu l’admettre outre-mer, quand toutes se réclamaient du christianisme ! » C’est toute la question. Aussi grave que l’esclavage fut la révocation de l’édit de Nantes. C’est, pour le duc de Lévis Mirepoix, « la grande faute du règne ».
     Si, malgré tout, le bilan du règne de Louis XIV semble positif à notre historien, c’est qu’avant la guerre de la Succession d’Espagne, le roi avait réussi à faire de la France un pays prospère, mais aussi un pays où les lettres et les arts avaient rayonné d’un éclat sans égal en Europe.
     Louis XV hérita du trône à l’âge de cinq ans. À sa majorité, le roi de France maintint Guillaume Dubois comme premier ministre. Si notre historien reconnaît la timidité de Louis XV, voire sa paralysie dans l’action, il loue son « travail » et sa « lucidité ».
     À l’intérieur, la prospérité revint. Mais voilà que le Parlement, se donnant des franchises qu’il n’a pas, veut se substituer aux États pour faire des remontrances au roi de France. C’est ainsi qu’il s’opposa à l’impôt du vingtième. Louis XV refusa de céder. Le parlement, les parlements furent renvoyés, et renouvelés avec les anciennes coutumes. Et de nouvelles furent instituées par le Code Maupeou.
     À l’extérieur, Louis XV répugnait à la guerre : mais, comme l’a souligné Antoine de Lévis Mirepoix, « la majorité d’une opinion égarée l’y poussait ». C’est ainsi que la France fut successivement engagée dans les deux guerres de Succession de Pologne et d’Autriche ainsi que dans la Guerre de Sept ans. Si, après la première, la Lorraine devait revenir à la France, le traité de Paris, après la dernière, allait, en 1763, la priver de l’essentiel de ses colonies. Malgré cela, si l’on en croit notre historien, les résultats du règne de Louis XV furent positifs.
     Louis XVI, qui lui succéda, n’eut pas moins de qualités. Il y a seulement qu’intelligent, le nouveau roi de France était d’une volonté sans ressort. C’est ce manque de caractère qui devait provoquer sa chute, commence par noter l’historien.
     Heureusement, après Maupeou, le roi appela Turgot, le physiocrate, au Contrôle général. Appliquant sa doctrine, Turgot, avec lucidité et courage, avance dans la voie des réformes. M. de Lévis Mirepoix note : « Turgot supprime la corvée, les fraudes, les maîtrises. Mécontents, les corps de métiers se dressent... Les réformes... le plus apparemment utiles ont leurs retours de flamme ». Ce fut ainsi que fut déclenchée la Guerre des Farines, où le roi abandonna son ministre.
     Comment expliquer ces émeutes, qui, de Louis XV à Louis XVI, vont en s’aggravant ? C’est que les esprits avaient changé, que, devenus philosophes, les savants, économistes et juristes, artistes, mais surtout écrivains, avaient développé leur esprit critique, mis, non plus au service du roi, mais retourné contre lui, avant de l’être contre la monarchie. Le meilleur témoignage en est encore l’Encyclopédie, dont le sous-titre est Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des techniques.
     Le second fait qui, progressivement, amena la France à la Révolution, suggère Antoine de Lévis Mirepoix, fut l’instabilité ministérielle. Il reste qu’en matière de politique étrangère, le roi et ses ministres firent preuve d’une résolution lucide, et dans le partage de la Pologne, et dans la guerre d’Amérique. Le traité de Versailles, qui conclut celle-ci, allait venger la France de celle de Paris.
     Cependant la guerre d’Amérique avait coûté cher. Voulant redresser la situation financière, Louis XVI avait appelé Calonne, qui proposa, à l’Assemblée des Notables, une série de mesures que l’historien résume par l’expression de « suppression des abus ». Hélas ! après avoir soutenu cette révolution pacifique, le roi plia, une fois de plus, et la refusa. Mais il fut obligé de convoquer les États généraux, les derniers avant la Révolution.
     Dès la réunion des États généraux, se posa le problème, essentiel, de la modalité du vote. Et une fois encore, le roi s’inclina devant la volonté fermement affirmée du Tiers État. Tout était, dès lors, prêt. La Révolution allait commencer par l’affirmation de quelques principes, dont celui de la Nation qui fait la loi.
     Comment se fait-il qu’elle tourna en émeutes, désordres et massacres ? Notre historien l’explique. C’est, d’abord, que les conquêtes de la Révolution ne se sont pas faites par la raison, mais par le sentiment. C’est surtout que la Révolution a ignoré le « quatrième ordre » : les ouvriers agricoles et des manufactures, qui n’avaient ni « le nécessaire », ni le droit de vote. Ce qui ne pouvait que les pousser à la violence.
     C’est dans cette atmosphère de la Grande Peur que le roi écouta le conseil, non pas de fuir à l’étranger, mais de s’éloigner de Paris. Son arrestation à Varennes marqua le grand tournant de la Révolution. En octobre 1791, l’Assemblée constituante cédait la place à l’Assemblée législative. La Révolution se radicalisait sous l’influence de deux événements majeurs : la guerre aux frontières et la pression des clubs.
     Le duc de Lévis Mirepoix nous montre les Girondins sous un jour nouveau. Pendant que ceux-ci dominaient encore l’Assemblée, ils déclarèrent cette longue guerre de vingt-trois ans. Malgré le roi, malgré Robespierre. Quant aux clubs, ils furent les acteurs des journées du 20 juin et du 10 août, qui allaient, non pas accomplir, mais achever la Révolution. Louis XVI et sa famille furent enfermés au Temple, et le roi, suspendu de ses fonctions.
     En effet, le jour de la victoire de Valmy, l’Assemblée législative fut remplacée par la Convention nationale, qui, par décret et à l’unanimité, déclara que « la royauté est abolie en France ». Notre historien nous en précise la signification. Il y avait, d’une part, les Girondins, qui, manquant de courage, allèrent jusqu’à reprocher au roi « l’effusion de sang du 10 août ». Il revenait aux Jacobins, menés par Robespierre, de poser le vrai problème : celui de la monarchie. Animé d’une passion claire, sinon lucide, Robespierre incarnait, plus que tout autre conventionnel, l’individualisme de doctrine. Ce n’est pas une politique, ce sont les principes de la « République » qu’il défend. Il conclut : « Le décret... ne peut être révoqué, il ne peut être mis en question sans offenser les premiers principes ».
     À ces principes, Louis XVI oppose ceux de la monarchie, qui reposent sur la continuité dans la durée. Et il conclut, lui aussi, par ces mots : « En conséquence, je déclare que j’interjette un appel à la nation elle-même du jugement de ses représentants ».
     Encore que brièvement, Antoine de Lévis Mirepoix continuera son Histoire de France jusqu’à la Ve République. Il y signale deux problèmes que n’a pas résolu la Révolution de 1789 : la démocratie intégrale, c’est-à-dire le suffrage universel, et « l’organisation du monde du travail ». Le suffrage universel, même pour les colonies, sera établi par la Révolution de 1848, avec l’abolition, définitive, de l’esclavage. La réorganisation et la promotion sociale du « monde du travail » seront l’œuvre des IIIe, IVe et Ve Républiques, sous les influences, alternées ou conjuguées, des libéraux, comme Gambetta, mais surtout des chrétiens sociaux, comme le comte Albert de Mun, et des socialistes, comme Jean Jaurès.
     Messieurs,
     Il est temps d’en arriver, après l’historien, à l’écrivain qu’est Antoine de Lévis Mirepoix. L’importance de ses romans vient de ce qu’ils ont fait de lui un écrivain de grand talent jusque dans ses œuvres historiques. J’ai commencé par lire son Robespierre. Dès les premières pages, je découvris un écrivain authentique, dont l’élégance est la vertu majeure. Mais une élégance animée, au sens étymologique du mot.
     C’est, peut-être, dans les aphorismes qu’elle s’exprime le mieux : par l’économie des moyens. Comme dans cette phrase, où il n’y a pas un mot de trop : « Il n’y a guère d’expérience des peuples ». Mais, le plus souvent, nous rencontrons une ou des images analogiques, qui animent l’idée. Ainsi cette distinction de deux amours : « Tandis que l’amour romantique s’échappe vers les retraites silencieuses, l’amour pathétique se nourrit d’actions, se repose dans du soleil, prend pour chaumière et pour refuge la gloire ».
     Cette vie de la phrase peut aller plus loin, en s’irisant d’esprit français ou d’humour celtique. D’abord l’esprit, qui joue sur les mots : « Ici se polissent, pour ainsi dire, les situations fausses et, si la compagnie n’est pas toujours bonne, elle affecte toujours d’être en bonne compagnie ». Et voici l’humour, qui est jeu de situations : « La Quatrième République fut fondée en exécration d’un pouvoir personnel et en crainte révérentielle d’un prestige dont on aimait l’éclat, dont on fuyait l’autorité ».
     Mais allons plus avant dans l’art de l’écrivain, en abordant les portraits et les récits, qu’il s’agisse de batailles diplomatiques ou militaires. Nous y retrouverons, de nouveau, cette vie, qui est la marque de la Révolution de 1889.
     Dans Henri IV, les portraits abondent. Nous nous arrêterons à celui du héros, qu’on nous développe de chapitre en chapitre. En voici un exemple : « Ce spirituel compagnon au visage éveillé, sur lequel régnait un vaste front qui contrastait par sa gravité avec tout ce qu’il y avait de raillerie dans les yeux, de sensuelle audace dans son grand nez courbé, portait en lui plus de tristesse qu’on ne croit ». Vous aurez remarqué l’expression du caractère par des images symboliques.
     Quant aux batailles, nous choisirons celle de Fontaine-Française, dont le récit occupe quatre pages et demie. Il y a, d’abord, la description du champ de bataille, puis le récit des combats, enfin, la conclusion. Mais quelle vie dans la variété ! exprimée par l’historique du château, les dessous de la bataille, les commentaires du roi lui-même et d’un historien. Sans oublier ceux de la tradition locale.
     Pour bien mesurer l’art de l’écrivain, il aurait fallu, par-delà le style, descendre jusqu’à la langue : jusqu’aux faits grammaticaux, comme la concordance des temps, que notre écrivain respecte si scrupuleusement, mais avec les dérogations qui s’imposent en introduisant des nuances. Mais il est temps de conclure.
     Messieurs,
     Je vais conclure. Or donc, c’est en ce dernier quart du XXe siècle que s’édifie, malgré les tensions, les haines et les guerres, cette Civilisation de l’Universel que Pierre Teilhard de Chardin, un Français, annonçait pour l’aube du troisième millénaire. Aujourd’hui, chaque continent, chaque région, voire chaque nation y apporte sa contribution, irremplaçable. C’est dans cette prospective que j’ai fait une relecture contemporaine de l’œuvre historique de M. de Lévis Mirepoix.
     Et j’en ai tiré cette première leçon, que l’Histoire de France offre, aux peuples du Tiers-Monde, un modèle exemplaire. Elle le fait, d’abord, en présentant, pendant quelque mille ans, à travers la monarchie, les empires et les républiques, un équilibre vivant, toujours à ressusciter, entre l’autorité de l’État et les libertés aussi bien des personnes que des provinces ou régions et des communes.
     Elle offre, en même temps, le modèle d’une symbiose biologique, mais surtout culturelle. Et elle le fait consciemment. Ce n’est pas hasard si le Rapport Jeannenay sur la Coopération, daté du 18 juillet 1963, présente la civilisation française comme une force de symbiose. Elle prend, de siècle en siècle et dans les autres civilisations, les valeurs qui lui sont d’abord étrangères. Et elle les assimile pour faire du tout une nouvelle forme de civilisation, à l’échelle, encore une fois, de l’Universel.

jeudi 29 mai 2014

Oct 15 - Oct 17 2014 Applied Geography Conference, Atlanta Georgia

Dear Applied Geographers:

(Please help forwarding and distributing this message to colleague geographers).

I am writing to remind you that by attending this year’s Applied Geography Conference in Atlanta in October, you will have the options for submitting manuscripts for consideration for publication in one of the special issues as listed below:

Applied Geography: the top 5th geography journal with a very high impact factor. Manuscripts for this special issue should be in the 3,500 to 3,750 words area plus bibliography and maps. We plan to accept up to 20 manuscripts for publication.
International Journal of Applied Geospatial Research: a highly acclaimed journal. We plan to accept up to 10 manuscripts of regular journal length.

And of course, you will still have the other option of submitting your manuscript for consideration for the annual volume, Papers in Applied Geography, by the Applied Geography Conferences. These manuscripts should have a 10-page maximum, inclusive of all tables, maps, or graphics.

In short, I am very excited to report the much expanded opportunity for fellow applied geographers to publish and share their works. Please note that all manuscripts are due by June 15th, 2014.

As always, please feel free to let me know if you have any questions regarding these publication opportunities.

With warmest regards, I am,

Sincerely Yours,
Jay Lee, Ph.D.
Professor, Kent State Geography
Executive Director, Applied Geography Conferences


mardi 27 mai 2014

Jean-François Copé : La FIN ou le FN ?


Toi Copé, fils spirituel d’El Hadj Omar Bongo et suiveur infatigable du « Lepenisme », t’es illustré comme l’apôtre du « ni-ni » et la substance grise de la « droite forte » en t'éloignant volontairement du Font Republicain. Tu apprendras à tes dépens à travers cette citation de Marcel Proust que « ce qui rapproche, ce n’est pas la communauté des opinions, (mais) la consanguinité des esprits… ». A trop vouloir être le porte-parole des néo-cons, tu as fini par être victime du revers de la médaille…Oui, il y avait consanguinité avec le Front National dont les idées constituaient le nouveau fil conducteur de votre pensée politique…
A trop vouloir instrumentaliser l’Islamophobie à travers l’histoire grotesque du « pain au chocolat », tu as fini par te faire bouffer par l’Extrême-droite…Les électeurs ne sont pas si dupes que ça. Ils ont préféré l’orignal à la copie, en quelque sorte, la maison mère à la franchise… Qu’on ne se trompe pas, si l’UMP avait été le vainqueur des européennes, ta démission n’aurait pas été à l’ordre du jour au bureau politique qui a eu lieu ce matin. Tu as savamment été le meilleur VIP de la vague bleu marine. Tu as aussi été emporté par cette vague nauséabonde dont tu espérais être un des bénéficiaires en 2017.
Au moins avec ton départ, on espère mettre un frein au processus « d’ensauvagement » de la politique française que tu orchestrais depuis ton élection entachée de grossières irrégularités, à la tête du désormais ex-parti de droite.
Tu ne nous manqueras pas.


mardi 29 avril 2014

La Banane pour les Nuls et les Néocons

Face à la bêtise humaine, je remets toujours en cause le confort intellectuel des responsables, leur éducation de base, ainsi que leur état psychique. C'est le cas des actes dits racistes qui sont de plus en plus perpétrés dans des arènes de football, particulièrement caractérisés par la diversité des acteurs et l'universalisme du ballon rond. Loin de moi de considérer ces abrutis d'une autre époque comme de véritables malades mentaux, je leur suggère juste un peu de lecture afin qu'ils se cultivent un peu sur le fruit qu'ils exhibent, balancent ou jettent sur des joueurs généralement noirs, quand bien même, ces derniers feraient gagner leurs équipes à chaque journée. 

La banane est le fruit ou la baie dérivant de l’inflorescence du bananier. Les bananes sont des fruits très généralement stériles issus de variétés domestiquées. Les fruits des bananiers sauvages et de quelques cultivars domestiques contiennent des graines. Les bananes sont généralement jaunes lorsqu'elles sont mûres et vertes quand elles ne le sont pas.
Les bananes constituent un élément essentiel du régime alimentaire de certaines régions.

Histoire

Origine

La forme sauvage Musa balbisianadans son milieu naturel.
Les formes sauvages Musa acuminata et Musa balbisiana se rencontrent encore aujourd’hui dans une grande partie du Sud Est Asiatique, de l’Inde à la Papouasie-Nouvelle-Guinée. On retrouve encore dans ces régions des bananiers sauvages riches en graines et pauvres en pulpe dans les milieux ouverts (clairières, lisières des forêts).
Le centre de domestication primaire semble être les hautes terres de Papouasie-Nouvelle-Guinée, il y a 6 950 à 6 440 ans avec M. acuminata. Des traces de production bananière pour une consommation humaine datant d'environ de cette époque1 en Nouvelle-Guinée. Leur diffusion s'est rapidement étendue dans une zone qui va de l'Inde au sud de la Chine via la Birmanie, de Taïwan jusqu'au nord de l'Australie et la Polynésie via les Philippines, l'Indonésie et la Nouvelle-Guinée. Des preuves archéologiques de la culture du bananier se trouvent en Malaisie 3 000 avant notre ère, au Pakistan daté de 2 500 ans avant notre ère, dans le centre de l’Inde 600 ans avant notre ère et 500 ans au Laos. La diffusion en Afrique des plantains AAB daterait de 4 500 ans avant notre ère en Ouganda et de 2 750 à 2 300 au Cameroun, 1 200 de notre ère à l'ile de Pâques. La première apparition au Moyen-Orient date de 300 de notre ère.
Une hypothèse récente est que la domestication des bananiers Eumusa s'est produite, il y a environ 10 000 ans, dans les hautes terres de Nouvelle-Guinée. La variété Musa acuminata banksii, à l’origine de la plupart de celles qui sont cultivées aujourd’hui, y serait née et se serait ensuite répandue en Asie du Sud-Est où elle se serait hybridée avec les variétés locales2.
Un centre secondaire de biodiversité se trouve en Afrique de l'est avec le groupe des bananiers triploïdes des hautes-terres de l'est africain dit Groupe Mutika/Lujugira (AAA-EA).

Diffusion mondiale

Le bananier fut introduit en Afrique de l’Est, en Chine, en Mélanésie, dans le Pacifique Sud à partir du commencement de l’ère chrétienne. Sa culture commence à Madagascar vers 500 de notre ère. Il fut amené en Méditerranée (Afrique du nord et Espagne) par les Arabes à partir de 650. Début xvie siècle les Portugais l’implantent dans les Canaries et de là en 1516 le frère Tomas de Berlanga prélève des rejets dans la cloitre des franciscains près de Las Palmas et les transporte à Hispaniola.

Période moderne

À la fin du xixe siècle la culture du bananier devint un enjeu économique important influant même des choix politiques internationaux.
1870 voit les premières importations de bananes (variété Gros Michel) aux États-Unis depuis l’Amérique centrale, notamment la Jamaïque. La rentabilité du marché amène des entrepreneurs américains à investir dans le marché et à ouvrir des plantations industrielles de bananiers. Dès 1871, Minor Cooper Keith fait établit une liaison par chemin de fer avec le Costa Rica et y implante les premières plantations à grande échelle. En 1899, il créa la United Fruit Company qui devint une puissance néocoloniale au pouvoir politique énorme pendant 70 ans. En 1911, un soulèvement populaire contre le gouvernement de l'Honduras voit l'intervention de l'armée des États-Unis. La raison officielle invoquée pour cette intervention est la protection des « travailleurs américains » de la United Fruit Company, qui ont fait de ce pays son principal fournisseur de bananes. Entre 1930 et l940, la United Fruit Company inclus la Colombie et l’Équateur dans ces exportateurs. Des coups d’état, dont celui du Guatemala en 1954, sont télécommandés par les États-Unis pour défendre les intérêts de la compagnie.
L'utilisation de cette puissance économique avec la menace de l'appui militaire des États-Unis transforme les fragiles démocraties d'Amérique centrale en républiques bananières. Strictement parlant, ces pays producteurs n'étaient pas des colonies, mais l'influence de la United Fruit Company, a donné naissance à l'expression « république bananière » pour désigner l'immense pouvoir « néocolonial » qu'exerçait la compagnie fruitière américaine.
Les exportations (essentiellement la variété « Gros Michel »3) au début du xxe siècle sont assurées par les navires à vapeur produisant du froid dans les cales. Le mode de transport par navire reefer s'impose dans les années 1950 alors que la demande des marchés développés s'accroît au nord. Les années 1970 à 1990voient les armateurs accumuler d'importantes capacités de transport en ligne pour s'adapter au mieux à la massification et à la conteneurisation des exportations bananières en défiant la concurrence. Le mode de transport bascule dans les années 1990 du navire reefer vers le conteneur à 55 %.

Botanique

Description

Banane de type sauvage avec desgraines.
La banane est un long fruit légèrement incurvé, souvent regroupé sur le bananier en grappes nommées « régimes ». La banane possède une peau de couleur jaune ou verte facile à détacher. La partie intérieure est une pulpe amylacée au goût sucré et à la consistance généralement fondante.
La banane sauvage est une baie polycarpique, c'est-à-dire contenant de nombreux pépins anguleux durs. Les variétés commerciales sont souvent triploïdes stériles produisant ainsi des baies parthénocarpiques formées sans fécondation ne contenant donc pas de graines (si on fend cette « banane domestique » dans le sens de la longueur, on observe une série longitudinale de petits points noirs qui sont des ovules non fécondés).
La chair du fruit est généralement blanc crème, mais certaines rares variétés ont une pulpe colorée (Isla du Pérou à chair bleue).
Les bananes mûres sont riches en potassium et en sucres. Elles sont très nourrissantes (90 kcal/100 g) et très digestes en raison de leur faible teneur en graisses.
Étant un fruit climactérique, les bananes sont cueillies vertes dans les plantations, aussi appelées bananeraies. Moins fragiles que les bananes mûres, elles supportent mieux le transport. Elles sont immédiatement acheminées vers les centres de distribution (marchés d’exportation), où le processus de maturation est parfois activé en ajoutant aux fruits de l’éthylène qui est fabriqué par la plante elle-même en conditions naturelles4.
L’arôme principal de banane est l’acétate d’isoamyle.
Le mot banane ou fausse banane désigne également les fruits des plantes du genre Ensete.

La plante

Article détaillé : Bananier.
Musa paradisiaca
Bien que le bananier puisse atteindre une taille relativement grande (9 mètres), ce n’est pas un arbre. En effet, il ne forme pas un tronc ligneux. Le pseudo-tronc est en réalité formé par les pétioles des feuilles. Ceux-ci se recouvrent partiellement et constituent une structure portante, un « faux tronc ». Les pétioles portent à leur extrémité un grand limbe allongé avec au centre une nervure médiane. Les feuilles peuvent atteindre 4 m de long et 1 m de large. La tige du bananier est très courte et entièrement souterraine. Elle apparaît sur un rhizome, qui produit régulièrement de nouvelles tiges. Le rhizome porte une masse importante de racines longues et fines, situées juste sous la surface du sol.

La floraison

Fleur de banane plantain.
La floraison se produit au bout de sept mois et les fruits sont mûrs quatre mois plus tard. Après la floraison, la tige ayant porté l'inflorescence se dessèche mais en même temps, la tige souterraine forme des rejets latéraux. Ce sont ceux-ci qui donneront de nouvelles tiges capables de fleurir.
Après environ un an et demi, le bananier est capable de fleurir. La tige souterraine forme alors une inflorescence qui se développe au travers du « faux-tronc » creux pour apparaître au centre des feuilles. Au début, l’inflorescence est dressée mais, sous l’effet du poids, elle va rapidement devenir pendante. Les fleurs qui apparaissent à l’extrémité de l’inflorescence (donc en dessous) sont mâles, celles situées plus vers le début de l’axe (donc au-dessus) sont femelles. Ces dernières vont donner naissance aux bananes. Entre les fleurs mâles et les femelles, il peut encore y avoir des fleurs stériles. Sur l’axe de l’inflorescence, les fleurs sont implantées en plusieurs rangées doubles transversales. Chaque rangée double est protégée par une bractée pourpre. Chaque jour, une bractée va s’enrouler et tomber, libérant ainsi les fleurs qui pourront être pollinisées. Les fleurs fécondées donneront naissance aux fruits. Dans la nature, ce sont les chauves-souris qui assurent la pollinisation. Chaque régime peut comporter jusqu’à 200 fruits. Les bananes sont généralement vendues sous forme de « mains », correspondant chacune à une double rangée de fleurs femelles.
Dans les variétés cultivées, la fructification est très généralement parthénocarpique, il n'y a donc pas de pollinisation et les ovaires se transforment en fruits ne contenant pas de pépins.

Typologie

  • Banane dessert : Ce sont les plus cultivées et qui font l'objet de courants commerciaux importants entre les zones de productions et les zones d'importation (Europe et Amérique du Nord). Alors qu'il existe de nombreuses variétés, la majorité des bananes commercialisées aujourd'hui est de type Cavendish après avoir été la variété Gros Michel, décimée par la maladie de Panama (appelée aussi « jaunisse fusarienne » causée par le champignon Fusarium oxysporum) dans les années 1940. La peau des fruits est généralement jaune ou rose et la chair est composée d'amidon hydrolysé et de sucres non cristallisables. Plusieurs centaines de variétés existent mais moins de dix sont utilisées en culture industrielle. Le génome donnant le caractère sucré des fruits est issu de M. acuminata ssp malaccensis ou zebrina.
  • Banane à cuire : dans ce groupe, les principales sont les Banane plantain. Ce sont des bananes plus grosses que les bananes desserts. Bien que tout aussi savoureuses crues que les premières, leur chair est plus ferme et il est plutôt d'usage de les consommer après cuisson car elles restent entières. Elles sont préférées un peu vertes pour cet usage et leur texture est alors assez proche des tubercules farineux. Leur commerce international est peu important. La peau des fruits est généralement vert-jaune ou mauve et la chair est composée d'une forte proportion d'amidon non hydrolysé et contient moins de sucre que les bananes dessert. Plusieurs centaines de variétés existent toutes cultivée localement. Le génome donnant le caractère farineux des fruits est issu de M. a. banskiierrans ou microcarpa.
  • Banane à bière : Elles se caractérisent par une pulpe amère. Elles ne sont que rarement consommées directement. Le critère déterminant ce type sont les nombreuses gouttelettes brunes émises par la pulpe coupée fraiche lors que les plantains ont des gouttes beaucoup moins nombreuses ou absentes et que les bananes desserts ont des gouttelettes toutes petites. Elles sont fermentées, produisant ainsi un « vin de banane », particulièrement apprécié dans la région des Grands Lacs en Afrique. La frontière entre banane à bière et banane à cuire est assez flexible, et des bananes à cuire ou même des bananes dessert peuvent entrer dans la fabrication du vin, tout comme des bananes à bière seront consommées cuites en cas de disette. Elles ne sont produites que dans l'est de l'Afrique et ne font l'objet d'aucun commerce international. Ce sont des hybrides triploïdes AAA M. a. banksii ou zebrina.

Sélection

La sélection par l’homme a permis au fil des siècles de créer les variétés consommées de nos jours. Plusieurs équipes de recherche développent actuellement des programmes d’amélioration variétale du bananier à travers le monde, comme l'Université catholique de Louvain (Belgique), le Cirad aux Antilles françaises, l’Embrapa au Brésil, la FHIA au Honduras, le CARBAP au Cameroun et de nombreux autres organismes en Inde, au Viêt Nam, en Afrique… Selon les écoles, les stratégies d’amélioration sont variées, mais reposent toutes plus ou moins sur des biotechnologies modernes. Elles permettent de créer de nouvelles variétés plus résistantes aux parasites et ravageurs de cette culture. La recherche internationale sur le bananier est fédérée par l’INIBAP, une organisation internationale membre du CGIAR. L’INIBAP gère entre autres une banque de gènes du bananier, stockée in vitro à Louvain (Belgique) ainsi qu’une base de données sur les ressources génétiques du bananier appelée Musa Germplasm Information System (MGIS5). Le système d’information sur les ressources génétiques de Musa contient une information détaillée et standardisée sur les accessions détenues par de nombreuses banques de gènes autour du monde.

Génétique

Bananes rouges
Avant 2002 le genre Musa était divisé en cinq sections : Eumusa, Rhodochlamys, Callimusa, Australimusa, Ingentimusa. En 2002 des études génétiques ont ramené à seulement trois sections selon la numération chromosomique : section Eumusa regroupant Rhodochlamys x = 11, section Callimusa regroupant Australimusa x = 10, section Ingentimusa x = 7 pour la seule espèce M. ingens.
La section Eumusa principalement avec M. acuminata et M. balbisiana est à l’origine de la majorité des bananiers cultivés pour leurs fruits dans le monde. On y retrouve des variétés sauvages, diploïdes et fertiles, des variétés ancestrales, également diploïdes mais assez fortement stériles pour que leurs fruits soient consommables (très peu de graines dans les fruits), et de nombreuses variétés cultivées, triploïdes et stériles.
Dans la même section Eumusa, il existe aussi quelques hybrides de distribution restreinte issus de M. schizocarpa participant à quelques cultivars alimentaires parthénocarpiques en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
La section Callimusa a donné des variétés cultivées localement comme le "Groupe Fe'i" peut-être issu de M. maclayi, lolodensis, peekelii ou troglodytarum connu seulement en Polynésie aux fruits à chair orange avec un taux élevé de bêta-carotène ou comme quelques hybrides d'autres espèces (par exemple M. jackeyi) de la même section ainsi que M. textilis, cultivée aux Philippines pour la production de fibres.
Le type sauvage diploïde de M. acuminata (AAs) pousse dans les régions tropicales humides de Nouvelle-Guinée, Bornéo, Indonésie, Indochine, Golfe du Bengale. Ses fruits sont comestibles quoique peu charnus et contenant beaucoup de graines. Il était probablement plus recherché comme aliment pour ses cormes, fleurs et jeunes pousses que pour ces fruits par les habitants des régions côtières de Malaisie. C'est probablement les sous-espèces banksii ou errans qui furent d'abord domestiquées pour leurs fruits d'une part parce que ce sont les seules présentant une parthénocarpie naturelle motivant leur multiplication en culture d'autre part parce que leurs génomes ont été identifiés chez pratiquement tous les bananiers di- et triploïdes. Leurs diffusions entraînèrent une hybridation avec d'autres sous-espèces particulièrement malaccensis et zebrina ce qui produisit des plants dioïques à stérilité femelle plus ou moins prononcée dû aux anomalies d'appariements des différentes formules chromosomiques ou des plants triploïdes AAA (3n = 33), dont les fruits étaient encore plus développés, plus charnus et plus sucrés. Ces formes triploïdes ont évidemment été cultivées préférentiellement et ont donné les variétés modernes de bananes dessert. Vers 1920, des programmes d'amélioration ont abouti à la création de tétraploïdes AAAA (4n = 44).
M. balbisiana type sauvage diploïde (BBs) est originaire de régions subtropicales à période sèche marquée de Nouvelle-Guinée, Philippines, sud de la Chine, Golfe du Bengale. Ce type sauvage donne des fruits non comestibles à nombreuses graines et n'est jamais parthénocarpique. Des formes cultivées de M. acuminata diploïdes et parthénocarpiques furent accidentellement pollinisées par M. balbisiana donnant des hybrides naturelles diploïdes AB (2n = 22) à stérilité femelle encore plus marquée et donc plus de fruits apyrènes. Un processus de polyploïdisation donna des formes triploïdes AAB (3n = 33). Depuis le début du xxe siècle, l'hybridation contrôlée permit l'obtention de triploïdes ABB et de tétraploïdes AABB (4n = 44).
La très grande majorité des bananes consommées de nos jours sont issues de ces deux espèces sauvages M. acuminata et M. balbisiana seuls ou hybridées. D'une façon générale le génome chloroplastique est d'hérédité maternelle et le génome mitochondrial d'hérédité paternelle. Plusieurs systèmes sont proposés pour la dénomination correcte des espèces cultivées :
Musa paradisiaca pour toutes les variétés.
Musa paradisiaca pour les hybrides et M. acuminata ou M. balbisiana pour les variétés non hybridées.
Musa acuminata balbisiana pour les hybrides et M. acuminata ou M. balbisiana pour les variétés non hybridées.
Musa (Groupe de Ploïdie-Sous-groupe Éventuel) 'Nom de variétés' pour toutes les espèces cultivées quelle que soit leurs degrés de ploïdie. Exemple Musa (Groupe AAA-Cavendish) 'Grande Naine'.
La phylogénie des bananiers cultivés est complexe les clones d'un même sous-groupe descendant les uns des autres par dérives génétiques progressives car ils sont sujets à des mutations somatiques relativement fréquentes ce qui rend d'ailleurs aussi sa multiplication in vitro assez délicate. Sur le terrain, l'observation de 15 descripteurs morphologiques en rapport avec les 2 espèces M. acuminata et M. balbisiana permet de préjuger la structuration génomique des variétés mais cette identification reste partielle car l'analyse génétique est parfois en contradiction avec l'observation in vivo. Elles sont ainsi classées en groupes selon leur constitution génétique et leur niveau de ploïdie, parfois en divisions ou sous-divisions, puis en sous-groupes rassemblant les variétés dérivant les unes des autres et enfin en types. Par exemple, dans le groupe AABB on trouve le sous-groupe Pisang awak dans lequel se trouve le type Isla comprenant les variétés 'Isla Del Alto Huallaga', 'Isla Guayaquil', 'Isla Maleño', 'Isla Nacional', 'Isla De Tingo María', 'Isla Vaporino', 'Isleño'
Les plantes issues de M. acuminata et M. balbisiana et leurs hybrides sont désignés par deux à quatre lettres permettant de connaître leur ascendance et leur degré de ploïdies :

Culture

Article détaillé : Bananeraie.
Le bananier cultivé en plantations traditionnelles demande un sol bien drainé, profond et légèrement acide. La culture est exigeante en éléments minéraux. Une pluviométrie annuelle d'environ 1 200 mm et des températures supérieures à15 °Csont nécessaires. Le bananier est une plante pérenne, le cycle végétatif dure environ un an. Après la récolte du régime, la pousse principale périclite, c'est à partir d'un rejet latéral qu'un nouveau cycle de culture redémarre grâce à la technique de bouturage. La plantation préexistante est détruite, les plantes lacérées sur place et la parcelle replantée plus loin. En cours de cycle, des rejets, qu'il faut supprimer, apparaissent continuellement. On en garde cependant un tous les trois mois de manière à pouvoir récolter régulièrement un nouveau régime (tous les trois mois). Les souches produisent pendant cinq ans. Au-delà, il faut replanter à partir d'un rejet latéral prélevé sur un plan sain.
Cette méthode de reproduction par multiplication végétative a deux inconvénients majeurs : une faible diversité des variétés cultivées, d'où des risques accrus de parasitose, et la propagation par les rejets de parasites (notamment les nématodes). Les plantations industrielles ont donc tendance à utiliser une autre technique : le vitroplant (plant obtenu in vitro en laboratoire aseptisé à partir d'un « plant-mère » désinfecté et cultivé sur un milieu nutritif stérile). Ainsi le bananier, planté sur un sol préalablement assaini par des techniques de rotation culturale ou de jachère est indemne de parasites. Cela permet une meilleure productivité (l'homogénéité variétale favorise l'augmentation du nombre de cycles réalisés entre deux replantations) et l'épandage de nématicide est réduit de 50 %. Par contre, cette technique de clonage menace la diversité génétique et fait dire à certains scientifiques que le bananier cultivé tel qu'on le connaît risque de disparaître.

En zone tempérée

Parmi les bananiers comestibles, seul le bananier nain, Musa acuminata 'Dwarf Cavendish', se prête facilement à être cultivé en pots. Cette variété reste relativement petite, 2 m au maximum. La plante demande beaucoup d’eau, beaucoup de nourriture, une forte humidité atmosphérique et beaucoup de lumière. Le bananier nain n’est pas trop sensible aux basses températures et supporte jusqu’à un minimum de 10 °C durant l’hiver. D’autres bananiers sauvages peuvent être cultivés de la même manière. Musa textilis (qui fournit des fibres textiles) et Musa basjoo conviennent à une serre de petite dimension mais leurs fruits ne sont pas comestibles.
Une nouvelle hybride de hasard Helen's Hybrid issu de M. sikkimensis et M. (AB) 'Ney Poovan' découvert récemment produit des fruits comestibles bien qu'avec des graines et sa souche résiste à des températures inférieurs à -12 °C. Il est originaire d'un petit village près de Kalimpong à 1 500 m d'altitude en Inde. L'horticulteur Ganesh Mani Pradhan remarqua ce bananier dans le jardin de leur cuisinière, Hélène. Comme pour sikkimensis, il a une nervure centrale rouge foncé et le revers des feuilles rougeâtre. Les pétioles sont glauques recouverts plus ou moins d'une pruine blanchâtre.

Économie

Des bananes sur un étal.
Les bananes figurent incontestablement parmi les fruits tropicaux les plus importants. En 1992, la production totale s’élevait à 66 millions de tonnes (bananes et bananes plantains) ; elle n’était dépassée que par la production d’agrumes. En 2013, la production atteint 130 millions de tonnes (dont 66 millions en circulation), le commerce international de ce fruit tropical s’élevant à 7 milliards de dollars par an, ce qui fait de la banane la huitième culture alimentaire mondiale et la quatrième dans les pays les moins avancés selon la FAO6.
Le marché de la banane est libéralisé depuis 2006. Les exportations connaissent en conséquence des mutations rapides et récentes. Trois grandes destinations d'exportations de bananes par transport reefer subsistent :
  • les États-Unis depuis l'Amérique centrale (zone historique de la banane dollar)
  • le Japon depuis les Philippines
  • l'Europe depuis l'Afrique et l'Amérique latine.
Pour donner un aperçu succinct en 2008 des dépendances économiques engendrées par l'économie bananière libéralisée, l'Amérique latine exporte 10,3 millions de tonnes de bananes, alors que l'Asie exporte 1,9 million.
Le marché mondial de la banane est dominé à 60 % par trois multinationales américaines :
Au niveau macroéconomique, la part du prix final - payé par le consommateur - qui revient dans le pays producteur est de 10 à 20 %. La part des hommes et des femmes qui travaillent dans les plantations est de 1,5 à 3 %. Au Guatemala par exemple, la plupart des salariés de l'industrie de la banane ne gagnent pas le salaire minimum légal de 5 dollars par jour.
Bien que l'économie bananière soit dominée par des plantations de moyenne et grande taille, il existe une dizaine de milliers de petits producteurs qui continuent de fournir le marché international.

Marché mondial de la banane

Production

En termes de valeur de production, les bananes desserts et plantains se situent au quatrième rang des plantes alimentaires d’importance au niveau mondial. 90 % de la production est consommée localement principalement avec les bananes à cuire représentant 25 % de la production mondiale de bananes. Les bananes exportées sont placées au quatrième rang des produits de base au niveau mondial et au troisième rang en tant que fruit (derrière l’orange et le raisin).
La production est assurée à 50 % par un seul groupe de bananes cultivées appelé Cavendish7 qui est victime dans certains pays asiatiques de la « maladie de Panama »8. La maladie qui frappe la Cavendish constitue un avertissement et il serait bon de songer à lui trouver une remplaçante au cas où elle devrait subir le même sort que la variété « Gros Michel », elle aussi attaquée par un champignon, et disparue des étals depuis 1960.
Production en tonnes (2008)
Données de FAOSTAT (FAO)9
Drapeau de l'Inde Inde23 204 80025,6 %
Philippines Philippines8 687 6249,6 %
Drapeau de la République populaire de Chine Chine8 042 7028,9 %
Drapeau du Brésil Brésil7 116 8087,8 %
Équateur (pays) Équateur6 701 1467,4 %
Drapeau de l'Indonésie Indonésie5 741 3526,3 %
Tanzanie Tanzanie3 500 0003,9 %
Drapeau du Mexique Mexique2 159 2802,4 %
Drapeau de Thaïlande Thaïlande2 000 0002,2 %
Drapeau du Costa Rica Costa Rica1 881 7832,1 %
Drapeau du Burundi Burundi1 850 0002,0 %
Drapeau de la Colombie Colombie1 819 8742,0 %
Drapeau du Guatemala Guatemala1 569 4601,7 %
Drapeau de la République socialiste du Viêt Nam Viêt Nam1 355 0001,5 %
Drapeau de l'Égypte Égypte1 062 4531,2 %
Autres pays14 013 64015,4 %
Total90 705 922100 %

Exportations mondiales

En milliers de tonnes (2004)
Données de FAOSTAT (FAO) et L'Express10,11
Équateur (pays) Équateur4 444
Philippines Philippines2 383
Drapeau du Costa Rica Costa Rica2 008
Drapeau de la Colombie Colombie1 468
Drapeau du Guatemala Guatemala964
Drapeau du Cameroun Cameroun262
Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire229

Accès au marché de l'Union européenne

Article détaillé : Conflit de la banane.
En 1993, des quotas ont été fixés par région de production pour l’accès au marché de l’Union européenne mais, depuis, celle des Caraïbes a diminué au profit de l’Afrique, en particulier le Cameroun. En février 2006, une révision pour réduire le commerce des licences n'a pas porté ses fruits.

Consommation

Dans les pays producteurs, les bananes dessert et bananes plantain constituent une ressource alimentaire importante pour plus de 400 millions d'habitants des pays tropicaux de la planète12. Au niveau mondial, les bananes et les bananes plantain sont la quatrième denrée alimentaire de base, derrière le riz, le blé, et le maïs13. Deux autres atouts majeurs font de la banane un élément alimentaire vital dans de nombreuses zones rurales pauvres : sa haute valeur nutritionnelle (riches en vitamines A, C et B6, par exemple), et sa production sans interruption pendant toute l'année.
Dans les pays importateurs, même si la sécurité alimentaire des consommateurs ne dépend pas de la disponibilité de la banane, le fruit se trouve sur les étals toute l'année. En 2003, selon la FAO, les Suédois en consommaient 19 kg par habitant et par an, les Danois, 14 kg, et les Norvégiens, 13 kg.
La pomme est le premier fruit consommé en France (part de marché en 2010 : 22,6 %) devant l'orange (12,3 %) et la banane (12,2 %)14.

Valeur nutritive

Banane crue
Valeur nutritionnelle moyenne
pour 100 g
Apport énergétique
Joules373 kJ
(Calories)(89 kcal)
Principaux composants
Glucides22,84 g
Amidon ? g
Sucres12,23 g
Fibres alimentaires2,6 g
Protides1,09 g
Lipides0,33 g
Eau74,91 g
Cendres Totales0,82 g
Minéraux & Oligo-éléments
Calcium5 mg
Cuivre0,078 mg
Fer0,026 mg
Magnésium27 mg
Phosphore22 mg
Potassium358 mg
Sodium1 mg
Zinc0,015 mg
Vitamines
Vitamine B10,031 mg
Vitamine B20,073 mg
Vitamine B3 (ou PP)0,665 mg
Vitamine B50,334 mg
Vitamine B60,367 mg
Vitamine B90 mg
Vitamine B120 mg
Vitamine C8,7 mg
Vitamine E0,0001 mg
Vitamine K0,0005 mg
Acides aminés
Acides gras

Source : USDA Nutrient data for 09040, Bananas, raw
Il existe trois grands types de banane d’un point de vue alimentaire : les bananes dessert, les bananes à cuire (parmi lesquelles les bananes plantains occupent une place prépondérante) et les bananes à bière (en Afrique la bière de banane (kasiksi) de productions artisanale ou industrielle).
La banane est un fruit très énergétique (90 kilo calories/100 g) et très riche en potassium, dont elle peut couvrir les besoins quotidiens. Nutritive, facile à digérer, elle est riche en hydrates de carbonephosphorecalciumfervitamines AB et C. Son goût est dû à l’acétate d’isoamyle. Elle est aussi vendue sous forme de nectar.
La fleur de banane (babafigue) est également consommée par exemple à La Réunion en accompagnement du carry.

Autre utilisation

Milena Rodrigues Boniolo a testé la poudre de pelure de banane comme support de filtration des métaux lourds ou radionucléides de l’industrie nucléaire dans l’eau, et les usines d’engrais (cadmium contaminant naturel des phosphates). Cette poudre ajoutée à l’eau fortement mélangée durant 40 minutes en extrait environ 65 % des métaux lourds, l’opération pouvant être répétée. Sa charge négative lui permet de fixer les ions métalliques positifs15.

Étymologie

Le mot « banane » est dérivé du portugais, lui-même probablement emprunté au bantou de Guinée ou à l’arabe « banan » (بنان) (qui signifie « doigts »), dans l’expression en portugais rapportée en 1602 « Figuera Banana » (« figuier portant bananes »)16. Elle est appelée « figue », en créole, à la Réunion et aux Antilles.
En Français, le mot banane est aussi employé dans le langage populaire pour désigner une personne naïve, candide, simple d'esprit.

Notes et références

  1.  Alistair Smith, La Saga de la banane, éditions Charles Léopold Mayer, 2010, p. 25
  2.  Jenny & al., 1999, Denham, 2005.
  3.  La banane [archive] Dossier sur Futura Sciences
  4.  « La maturation des fruits » [archive], sur Académie Martinique (consulté le 23 novembre 2009)
  5.  « MGIS, base de données sur les ressources génétiques du bananier » [archive].
  6.  Les Échos« Banane : le cri d'alarme de la FAO face à la menace de la jaunisse fusarienne » [archive],‎ 14 avril 2014
  7.  Vue d’ensemble de la production et du commerce de la banane dans le monde [archive].
  8.  Pas de risque d’extinction pour les bananes, selon la FAO [archive].
  9.  Outil de consultation des statistiques FAO pour la production [archive].
  10.  Outil de consultation des statistiques FAO pour l’import export [archive].
  11.  L’Expressno 2541.
  12.  Estimation du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad)
  13.  FAO, Continuer la lutte contre la cercosporiose noire pour sauver les petites exploitations bananières des Caraïbes [archive]
  14.  Jean-Paul Frétillet, « les petits secrets des pommes », Magazine Ça m'intéresse no 356, octobre 2010, p. 88
  15.  ADIT, BE Brésil (no 96, 3 avril 2007) citant le mémoire de Master de MR Boniolo défendue à l’Institut de Recherche Énergétique et Nucléaire (IPEN).
  16.  Définitions lexicographiques [archive] et étymologiques [archive] de « Banane » du TLFi, sur le site du CNRTL.. Il est néanmoins possible que le mot provienne de l’arabe « doigt » et non du bantou, comme indiqué par Dan Keppel, BananaHudson Street Press, 2008;p. 44.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Alistair Smith, La Saga de la banane, éditions Charles Léopold Mayer, août 2010
  • Denham, Tim. « Les Racines de l’agriculture en Nouvelle-Guinée ». La Rechercheno 389, septembre 2005.
  • Jenny, Ch., Carreel, F., Tomekpé, K., Perrier, X., Dubois, C., et al. (1999). « Les Bananiers ». In Diversité génétique des plantes tropicales cultivées, ed. P. Hamon, M. Seguin, X. Perrier, J. C. Glaszmann. p. 113-139. Repères. Montpellier : CIRAD
  • (en) Jenuwein, H. (1988) Avocado, Banana, CoffeeHow to grow useful exotic plants for funBritish Museum Natural History.
  • (nl) Pijpers, D., Constant, J.G.& Jansen, K. (1985) Fruit uit alle windstrekenHet Spectrum.
  • (en) Purseglove, J.W. (1972) Tropical crops : Monocotyledons. Longman.
  • (en) Verheij, E.W.M., Coronel, R.E. (eds) (1991) Plant resources of South-East Asia vol. 2 Edible fruits and nuts. Pudoc Wageningen.

Liens externes